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En immersion dans les chantiers navals de La Ciotat avec Cécile Poujol

En immersion dans les chantiers navals de La Ciotat avec Cécile Poujol

Anaïs Delatour

Avis aux spécialistes, aux néophiles et aux esprits curieux, ce livre est un véritable reportage sur les chantiers de La Ciotat, entre terre et mer, mais aussi entre sociologie et journalisme. Signé par la navigatrice Cécile Poujol et Maguelonne Turcat, ancienne journaliste sportif et passionnée de voile et de nautisme, Les Chantiers navals de la Ciotat, de la mer à la lune, est paru le 19 octobre 2021 aux éditions Des auteurs et des livres. Et la parole est ici donnée à tous ceux qui franchissent les grilles de ce lieu énigmatique, situé sur la plus belle baie du monde.

Si tu t’es arrêté à La Ciotat, tu as normalement trempé tes pieds dans l’eau de la plage Lumière et tu es allé jeter un œil à l’Eden Théâtre, là où Louis Lumière, inventeur du cinématographe en 1895, a tourné ses premiers films. As-tu aussi remarqué ces immenses grues ? Sans doute. Le chantier naval de La Ciotat est l’un des plus grands chantiers navals en France. Selon le site La Ciotat Shipyards, ce n’est pas moins de 1/7e de la flotte mondiale de yachts qui transite par le chantier naval de La Ciotat. Et on y construit des bateaux !

Une démarche sociologique

700 personnes franchissent quotidiennement les grilles du chantier. Parmi eux, des constructeurs, des réparateurs, des capitaines de yacht, des océanographes, mais aussi des syndicalistes, ou encore des spécialistes de la politique de la ville. Des professionnels rarement mis sous le feu des projecteurs. Pourtant, ce sont bien ces personnes de l’ombre dont Cécile Poujol dresse le portrait. En somme, c’est un « roman du quotidien » qu’elle a souhaité écrire.

Et c’est inédit à plusieurs égards. D’une part, parce qu’elle s’empare d’un sujet assez mystérieux que l’on n’a pas l’habitude de lire : les chantiers navals de La Ciotat. Et d’autre part, car elle réalise une véritable enquête ethnographique sur les travailleurs de La Ciotat. D’autant plus que Cécile Poujol adopte une démarche sociologique : choix des interlocuteurs, création des conditions de la rencontre, réalisation d’entretiens non-directifs.

La Ciotat Shipyards prend soin désormais d’une bonne centaine de yachts par an, soit un septième de la flotte mondiale.

Une navigatrice à la barre

Pour raconter ces histoires, qui de mieux qu’une navigatrice ? Cécile Poujol a une longue expérience en la matière. Navigatrice en solitaire, elle fonde sa société Route du Large en 2005 avec 65 associés, tous co-propriétaires d’un bateau qu’ils exploitent ensemble. Son destin est définitivement lié au chantier naval de La Ciotat puisque la navigatrice y a justement construit ce bateau avec lequel elle a traversé l’Atlantique en course à de nombreuses reprises.

Lorsqu’une équipe de la ville lui propose de raconter l’histoire des chantiers de La Ciotat, elle accepte donc de se lancer dans l’aventure. Elle connaît bien les chantiers et éprouve une certaine fascination pour le lieu. Il ne lui reste plus qu’à libérer la parole de ceux qui y travaillent. Elle récolte alors plusieurs témoignages. Au final, ce sont douze paroles choisies d’hommes et de femmes qui racontent leurs histoires personnelles, d’hier et d’aujourd’hui, avec les chantiers de La Ciotat. Tous évoquent une passion en même temps qu’un lien fort avec l’ADN de la petite ville de bord de mer.

Icone d’un temps désormais révolu, le lancement du Germinal en 1964 © Fonds Archives communales de la Ville de La Ciotat

Environnement, technologie… les préoccupations du siècle à la Ciotat

L’ouvrage n’est pas seulement un récit de bateaux. En effet, il aborde aussi certaines préoccupations actuelles à travers les évolutions que connaissent les chantiers navals de La Ciotat. Les enjeux environnementaux y ont fait une entrée durable face au monde du yacht qui représente une part de marché importante. Carole Chaize, océanographe, nous parle notamment d’un prototype sur lequel elle travaille qui consiste à installer une unité de dessalement innovante sur une île du Cap Vert, qui sera alimentée par une énergie renouvelable à partir de la houle.

Un autre enjeu a également une place de plus en plus importante dans le chantier : la technologie. Quand l’ingénieur Pierre Lallemand nous parle construction de bateaux, il a des étoiles dans les yeux. Et pour cause, il utilise les mêmes technologies que celles de la conquête spatiale. En fait, les instruments utilisés pour sonder les fonds des îles Tonga sont issus de l’espace. De quoi avoir définitivement la tête dans la lune et preuve que La Ciotat est aussi un témoin d’enjeux qui nous concernent tous.

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