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Pierre-Emmanuel Testard, la mélancolie des jours heureux

Pierre-Emmanuel Testard, la mélancolie des jours heureux

Marin Woisard
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Photographe parisien, Pierre-Emmanuel Testard nous entraîne hors de la capitale avec ses portraits d’artistes et ses projets plus personnels. Au gré d’escapades colorées, l’artiste magnifie la douceur insolente de l’été où brûle une suspicion de mélancolie.

C’est officiel : le mois d’août bat son plein. Les stories de plages paradisiaques envahissent Instagram, les teints halés courent les rues, et les derniers besogneux fuient la capitale. C’est la saison des plongeons dans une mer azur et du farniente en bord de piscine. Alors que tout un chacun se ressource au creux des vagues, subsiste un relent de mélancolie niché dans une moue nonchalante, une pose solitaire, un moment d’évasion.

Les artistes sous les sunlights des tropiques

Du sentiment de l’été, le photographe Pierre-Emmanuel Testard en saisit une gravité innocente, qui habite en mille et une nuances colorées ses portraits d’artistes émergents, comme si les jeunes chanteuses et chanteuses étaient devenus des vedettes de pellicules d’Eric Rohmer ou de François Ozon.

L’indicible mélancolie des jours heureux

Peut-être par le grain intemporel et la plastique vibrante de ses photos en argentique, son format de prédilection, Pierre-Emmanuel Testard saisit les pensées vagabondes de ses modèles. Sous son objectif, Clara Luciani, Bagarre et Fils Cara se transforment en muses songeuses.

Aussi réalisateur d’un clip esthète pour Jäde, Longtemps, le photographe s’entoure de la nouvelle génération parisienne, créative à se pâmer, dont il magnifie l’indolence naturelle. On se surprend à essayer de percer à jour les pensées des musiciens, au moment où l’image imprègne la pellicule de sa lumière. D’une évidence romantique, la langueur de ses clichés capte ce que l’on ne saurait voir, en dépit de la documentation idyllique et systémique des stories qui inondent notre Instagram : l’intangible mélancolie des jours heureux.

Teintes vibrantes et regards suspendus

Baroudeur passé par l’Inde, la Grèce et le Brésil, Pierre-Emmanuel Testard saisit le meilleur de destinations cosmopolites dans ses projets les plus personnels. C’est d’ailleurs en territoire indien qu’il semble avoir puisé sa philosophie décontractée et ses teintes vibrantes. Du bleu ciel, de l’orange soleil et de doux pastels : le photographe repose nos yeux en alimentant nos mélancolies intérieures.

C’est par le choix de son cadre, souvent désaxé ou s’entichant d’un détail anodin, que l’artiste dévoile son regard suspendu et ses clichés les plus inattendus. À l’instar de la danse d’un sac plastique dans le vent (ci-dessous), pris à la volée, qui évoque la séquence inaugurale d’American Beauty, ou par l’exercice formel des commandes (H&M, Nike) et de ses éditoriaux photo (Trax, Les Inrocks) les effluves photographiques de Pierre-Emmanuel Testard risquent de faire brûler encore longtemps leur charme troublant.

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