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« The Climb » : Votre meilleur ami n’est pas celui que vous croyez

« The Climb » : Votre meilleur ami n’est pas celui que vous croyez

Elena Crétois

Pour son premier long métrage, Michael Angelo Covino nous entraîne dans sa montagne russe de l’amitié avec The Climb – « la montée » en français, ici en vélo. Le réalisateur américain cherche à montrer que malgré les pentes et les chutes, les vraies amitiés ne suivent en réalité qu’une courbe ascendante. Un film touchant qui joue sur l’ambivalence de nos émotions.

The Climb montre l’évolution d’une amitié à la fois belle et touchante, autant qu’elle est cruelle et toxique. Au personnage de Mike joué par Michael Angelo Covino lui-même, sportif, sûr de lui, voire désinvolte, s’oppose un Kyle interprété par Kyle Marvin, plus hagard. Effacé et hésitant, il peine à suivre son ami à vélo, même après avoir découvert qu’il entretient une relation avec sa fiancée. Dès le début, Kyle surprend par sa patience. Pardonnant à son ami, sa résilience lui est sans cesse renvoyée en pleine tête. Michael Angelo Covino, 47 ans, originaire de New York, adapte avec The Climb – son premier long métrage, un court métrage sélectionné au festival de Sundance en 2018. Ex-réalisateur de publicités et producteur, il avait par le passé produit plusieurs films indépendants.

The Climb est un acte de résistance face au caractère futile et superficiel des relations d’aujourd’hui, qui tendent à devenir interchangeables. À l’inverse, Mike et Kyle sont irremplaçables l’un pour l’autre : ils tranchent par la sincérité de leur relation avec les artifices qui prévalent dans nos sociétés. À de multiples reprises, Mike commet des faux pas qui devraient sonner la fin de leur amitié. Pourtant, le pardon, la patience et la compréhension surmontent toujours la cruauté des aléas de cette relation. C’est bien le message du film : qu’importent les imprévus et les déceptions, qu’importent les aléas de la vie, puisque à la fin, la continuité de nos existences repose pleine et entière sur l’amitié.

La nécessite de ralentir pour vivre pleinement nos relations

Acte de résistance, aussi, à l’encontre des injonctions permanentes à la rapidité : la patience de Kyle couplée à la longueur des scènes nous ramènent à la nécessité de ralentir pour vivre pleinement nos relations et les moments qui ont du sens. Dans cette idée, les dialogues sont toujours d’une justesse et d’une sincérité renforçant cette sensation de rappel à une réalité plus authentique. Car malgré l’apparence parfois cruelle du film, il s’agit d’une véritable ode à la vie, entière et libre, appelant au rejet de la complaisance. Michael Angelo Covino dépeint ici la nécessité de vivre sans le poids des convenances ni des choix par défaut.

Ouch… La longue montée de l’amitié

The Climb se caractérise par un flot de sentiments et d’émotions qui se mêlent dans une sensation impressionniste, peu structurée, là encore à l’image de la réalité. Le film mêle ainsi sans hiérarchie les émotions en passant, sous la forme d’une comédie absurde, de l’humour au drame ; par le cynisme, l’espoir, la violence, la douceur, l’attachement et le rejet. C’est une succession d’ambivalences finement menées et révélées par la division du film en six chapitres. Chacun de ces chapitres représente une émotion, laquelle caractérise elle-même l’amitié des deux protagonistes à un moment donné. C’est l’histoire d’une montagne russe émotionnelle, qui passe de la montée à vélo de la scène d’ouverture, symbolisant les efforts requis par toute amitié, à la descente symbolisée en divers moments, où les émotions se relâchent. L’enjeu est de savoir ajuster la vitesse du plateau.

Une comédie absurde qui passe de l’humour au drame

Le temps qui passe est une lourdeur ; une lourdeur magnifique et qui fait le charme du film, certes, mais une lourdeur à assumer. Il en résulte que certaines scènes s’éternisent, traînent un peu en longueur, et que le film lui-même paraît tiré de manière extensive. Toutefois, ces longueurs sont vite pardonnées lorsque le rideau se ferme et qu’on comprend le sens ultime du message, qu’on accepte pleinement cet appel à prendre le temps. Enfin, l’amitié étant l’objet principal du film, l’accent a tant été mis sur Kyle et Mike que les autres personnages peuvent, par moments, apparaître dénués de profondeur.

THE CLIMB
Réalisé par Michael Angelo Covino
Avec Kyle Marvin, Michael Angelo Covino
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