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« Le Serpent », une intrigue haletante portée par Tahar Rahim

« Le Serpent », une intrigue haletante portée par Tahar Rahim

Camille Castres
Disponible depuis le 2 avril et numéro 1 en France, la nouvelle série Netflix Le Serpent – malgré un accueil mitigé par la critique hexagonale – est un must see venimeux, à voir pour qui aime les histoires aussi dingues qu’effroyables, tirées de faits réels.

Dans Le Serpent, Tahar Rahim, col pelle à tarte, paire de lunettes fumées et pantalon pattes d’eph’, campe durant 8 épisodes un tueur en série : Charles Sobhraj, trafiquant français de pierres précieuses d’origine indo-vietnamienne, qui a arnaqué, empoisonné et tué de nombreux hippies occidentaux dans les années 1970 en Thaïlande, Inde et Népal.

Près de 12 ans après Un Prophète, Tahar Rahim n’a pas perdu de sa superbe (et a bien progressé en anglais), en atteste sa nouvelle performance dans la peau d’un serial killer ayant défrayé la chronique dans les années florissantes du « flower power »

Belle performance d’acteur dans la peau d’un intrigant tueur

Ce fait divers si romanesque ne pouvait pas échapper à une production sur petit écran, et encore moins au géant Netflix, qui nous abreuve régulièrement de « true crime story ». Celle-ci vaut largement le détour quand on ne connaît pas l’histoire sordide et énigmatique de Charles Sobhraj. La personnalité de ce tueur intrigue. Pourquoi ? Parce qu’aucun serial killer français, à l’exception de Michel Fourniret épaulé par Monique Olivier, n’a été aussi dangereux. Horriblement magnétique, au point de rallier à sa vénéneuse cause une femme fragile et amoureuse, Marie-Andrée Leclerc, pour l’assister dans son dessein démoniaque, Sobhraj fascine.

Tahar Rahim est quasi méconnaissable dans le rôle de ce tueur malsain, mythomane et extrêmement intelligent. Grimé pour les besoins de la série, on parviendrait presque à déceler chez Rahim des origines indo-vietnamiennes comme chez le vrai Charles Sobrhaj, métis mal dans sa peau, revanchard sur la vie, quoi qu’il en coûte. Froid, méthodique, regard aussi glaçant que perçant, « le Serpent » comme on le surnommait, est un personnage empli d’un grand mystère, et qui alimente les fantasmes. Cette zone d’ombre, floue et nébuleuse, se lit dans le jeu de Tahar Rahim, dont les émotions sont tues autant que le sang-froid est maîtrisé – hormis certaines scènes violentes et rageuses, interprétées avec brio.

Jenna Coleman est Marie-Andrée Leclerc, une Québécoise originaire de Lévis qui rencontre Charles Sobhraj lors d’un voyage touristique en Inde en 1975

 Un scénario haletant malgré des flashbacks incessants

Au cœur de ce thriller, une chasse à l’homme, celle de Sobhraj, grand usurpateur d’identités pour échapper aux filets de la police, par un diplomate pétri de justice au point de consacrer sa vie à la traque du tueur. Cependant, la construction en flashbacks casse parfois le rythme effréné que le premier épisode laisse imaginer, alimenté par une tension palpable. Les allers-retours bien trop incessants entre l’enquête du diplomate hollandais Herman Knippenberg et les méfaits de Sobhraj – et de sa « femme », Marie-André Leclerc, soumise jusqu’à la moelle au tueur, sont parfois totalement inutiles.

Ce parti pris d’un scénario à la temporalité malmenée semble vouloir mettre en lumière une multiplicité de regards face à un même événement, comme pour expliquer les raisons qui animent Sobhraj. Ce choix ne se révèle pas véritablement judicieux parce que Sobhraj était et restera toujours un mystère, d’où la fascination qu’il peut encore susciter. Aussi, et surtout, ce choix de multiplier les points de vue n’apporte rien hormis une surenchère parfois trash des scènes d’empoisonnement où le glauque flirte avec un mauvais goût diamétralement opposé à l’esthétisme léché cher à Netflix. Volonté délibérée de briser ses rouages bien codifiés ou aveu de faiblesse d’un scénario tout simplement trop maladroit ?

LE SERPENT
De Richard Warlow, Toby Finlay
Avec Tahar Rahim, Jenna Coleman, Billy Howle
Disponible sur Netflix

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