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Champs-Élysées Film Festival 2023 : l’amour, toujours

Champs-Élysées Film Festival 2023 : l’amour, toujours

Marin Woisard

Du 20 au 27 juin, Arty Magazine s’est rendu sur la plus belle avenue du monde pour célébrer le cinéma. Retour sur une semaine riche en surprises avec nos 5 films coups de cœur.

Célèbre pour son avenue, les Champs-Élysées a aussi droit à son festival de cinéma : le Champs-Élysées Film Festival. Du 20 au 27 juin, cet événement fondé par Sophie Dulac, la papesse de la distribution du film d’auteur, met l’accent sur le cinéma indépendant américain et français. Au programme de cette 12e édition, plus de 60 films sélectionnés mêlant long-métrages et courts-métrages en compétition.

Petite nouveauté du festival : les moyens-métrages ont désormais leur place au sein du festival. Parmi les invités d’honneur, on note la présence de deux personnalités exceptionnelles du cinéma indépendant américain, le réalisateur Ira Sachs et la réalisatrice, scénariste et productrice Eliza Hittman. Une programmation riche et unique qui célèbre le meilleur du cinéma indépendant.

Avec Passages, Ira Sachs s’attaque à une relation toxique au sein d’un triangle amoureux à Paris, avec un casting international de haut vol, composé d’Adèle Exarchopoulos, Franz Rogowski et Ben Whishaw. Sans trop en faire, la parfaite maîtrise plastique du film est absolument remarquable, avec une mention spéciale pour la sublime scène finale, qui accompagne une profonde remise en question du personnage principal, à vélo sous les lumières rouges de Paris. C’est aussi l’occasion de découvrir une Adèle Exarchopoulos irradiante, qui va jusqu’à voler la vedette au tandem Rogowski / Whishaw.

Pourtant, malgré toutes ses qualités, la vision trop américanisée et huppée d’un Paris arty fantasmé peine à convaincre, et contraste avec le propos qui se voudrait réaliste et contemporain. Sans oublier que le dénouement de certaines scènes est parfois prévisible dix minutes avec qu’il n’ait lieu. Bref, de grosses ficelles scénaristiques légèrement mélo et décevantes.

Chroniqué par Marin.

Dans Rotting in the Sun, Sebastián Silva joue son propre rôle, celui d’un cinéaste dépressif qui cherche des méthodes indolores pour se suicider. Pour s’en sortir, son manager l’envoie en vacances sur une plage nudiste gay, où il sauve de la noyade l’influenceur Jordan Firstman (aussi influenceur dans la « vraie » vie). Très vite, cette comédie queer sous acides tourne au grand n’importe quoi, à base de partouze sous poppers, humour grotesque et femme de ménage louche forment. On adore.

Présenté au célèbre festival américain de Sundance, Rotting In The Sun s’est forgé la douce réputation du « film aux 600 b**es ». Mais le film s’avère bien plus profond que son surnom sulfureux pourrait l’entendre. Héritier des productions fauchées du mouvement new-yorkais mumblecore, Rotting in the Sun joue la carte de l’ultra-réalisme grâce au tout numérique… Le long métrage ne laisse aucun repos à son spectateur entre les scènes X-Rated, la folie et le malaise constants. Un chaos nécessaire pour interroger la nature humaine ?

Chroniqué par Marin.

« Linda est injustement punie par sa mère, Paulette, qui ferait tout pour se faire pardonner. Même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. » Au premier abord, le pitch de Linda veut du poulet ! peut sembler assez quotidien. Mais le film surprend par son énergie, sa créativité, sa direction artistique, et son histoire riche en rebondissements. Les réalisateurs Chiara Malta et Sébastien Laudenbach perdurent la tradition de l’animation 2D tout en rendant hommage au style graphique d’Isao Takahata, et son Conte de la Princesse Kaguya.

S’il est reparti bredouille du Champs-Élysées Film Festival, sa présentation à l’incontournable festival d’animation d’Annecy a non seulement séduit le public, mais également remporté le Cristal du long métrage. Autrement dit, un mets cinématographique de l’animation française qui ravira autant les adultes que les enfants.

Chroniqué par Thierry.

Cinéaste autrichien discret mais essentiel, Patric Chiha adapte le roman éponyme d’Henry James dans l’univers d’une immense boîte de nuit, propice aux rencontres et aux étreintes. On se croirait revenu au Palace, célèbre club parisien des années 80, avec cette Bête dans la jungle en huit-clos nocturne. Il n’en fallait pas moins pour nous convaincre qu’une réalisation qui esthétise l’attente et la beauté de l’éphémère, rappelant les fulgurances de maître Wong Kar-wai dans In The Mood For Love. Sous la caméra de Chiha, le club se transforme en capsule temporelle où les années n’ont plus d’emprise sur les personnages.

Mention spéciale à la bande son signée Émilie Hanak, qui nous plonge dans l’ambiance fougueuse et sensuelle des années disco… Avant de retracer l’histoire de la musique club, au fur et à mesure que les années passent. Pourtant, au bout de 1H43, la mise en scène peut s’avérer répétitive et théâtrale, puisque tout repose sur l’attente. L’alternance entre dialogue et musique en devient alors un peu mécanique, malgré de magnifiques scintillements de propos et d’ambiance.

Chroniqué par Thierry.

Après un passage aux États-Unis, le plasticien-truquiste versaillais revient avec Le Livre des solutions, une œuvre intimiste et personnelle. Michel Gondry y relate une parenthèse anecdotique : sa fuite avec son équipe chez sa tante qui habite un petit village dans les Cévennes. Sauf que dans cette fiction semi-autobiographique, Michel s’appelle Marc et Niney joue le rôle de Gondry.

Au même titre que son équipe, le spectateur est embarqué dans ce huis clos face aux névroses du réalisateur mais paradoxalement ingénieux. Pendant que ses idées infusent, la responsabilité se dissout (Marc refuse catégoriquement de voir le montage de son film). Les situations burlesque et dialogues absurdes qui alimentent ce refus ou dirions-nous ce refus qui alimente ces situations burlesque et dialogues absurdes ne sont que prétexte à dissimuler le drame. Derrière cette âme juvénile réside un joyau créatif du 7ème art – et pas que ! – et l’envie d’inventer encore et encore. En un mot : jubilatoire.

Chroniqué par Thierry.

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