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L’interview « Jeune Première » de Lonny

L’interview « Jeune Première » de Lonny

Guillemette Birkui

Dans le premier album de Lonny, Ex-Voto, l’autrice-compositrice précise d’une note qu’il est un « objet de remerciement à la suite d’un vœu exaucé ». Remercions-la plutôt elle, de nous offrir les mélodies dépouillées de sa folk riche en émotions. Toute en sensibilité et en simplicité, rencontre avec l’artiste qui nous a confié ses premières fois.

Guillemette : Quel est ton premier souvenir musical ?

Lonny : Je me souviens être tombée amoureuse de la comptine La Ballade des baladins que l’on chantait en classe quand j’avais 6 ans. C’est à ce moment que j’ai pris conscience du fait que j’aimais bien les chansons tristes. Elle était hyper mélancolique et je la chantais tout le temps. Ce n’est pas conscient, mais ça explique beaucoup de choses cette chanson qui me reste en tête. Elle m’a vraiment marquée, j’étais fascinée par sa mélodie triste.

G. : Ta première claque musicale ?

L. : C’est Patty Smith en concert quand j’avais 15 ans, à la Cité de la Musique en 2008. Je me suis vraiment prise une claque – l’expression est la bonne, une décharge émotionnelle très forte. C’était tellement puissant que ça a été déterminant dans mon envie de faire ce métier-là. 

G. : La première chanson que tu te souviens avoir chanté ?

L. : À part cette comptine de mes 6 ans, je crois que c’est Rame d’Alain Souchon.

G. : La première chanson que tu te souviens avoir écrite ?

L. : J’avais 20 ans et c’était en anglais. C’était très vaporeux, avec un refrain où je parlais du tonnerre. C’est la première fois que j’ai vraiment réussi à amener une chanson jusqu’au bout. Je l’ai envoyée à un ami en lui demandant son avis, j’avais grandement besoin d’être rassurée. Il m’a dit qu’il avait trouvé ça bien.

G. : Quel est le premier artiste à t’avoir donné envie de faire de la musique ?

L. : Je crois que c’est à nouveau Patti Smith qui m’a donné envie de faire ce métier. Après si on remonte plus loin, il y a Véronique Sanson, Alain Souchon, Michel Berger. Ces gens-là, et puis peut-être ma prof d’alto.

G. : Est-ce que c’est la première personne à t’avoir emmenée dans le monde de la musique ?

L. : Oui ! Elle s’appelle Amélie, c’est elle qui m’a enseigné mon instrument quand j’étais petite. Elle a repéré que j’avais une oreille un peu particulière, et c’est elle qui m’a poussé là-dedans, et mes parents à m’y accompagner. Elle m’a fait découvrir beaucoup de pièces classiques.

G. : Comment s’est passée ta première fois sur scène ?

L. : Ma toute première fois, c’était au Club Med en vacances. C’est très sexy comme histoire (rires). J’ai chanté du Héléne Ségara, en playback à 9 ans. Il y avait des spectacles organisés par les enfants. Moi, mon rêve, c’était d’être une espèce de diva et j’avais mon micro dans la main, avec un châle et une robe à paillettes. J’étais émerveillée et très contente, avec beaucoup de joie et zéro stress.

G. : Quelle est ta première source d’inspiration pour ton album Ex-Voto ?

L. : Le début de l’écriture correspond au début de la découverte de mon intimité. Mon inspiration, c’est l’envie de connaître mon mouvement intérieur. L’envie de rentrer en moi-même avec l’idée d ‘exploration de soi et d’en-soi, qui est un peu plus profonde que celle dont on a l’habitude. La première impulsion a été dans le « qu’est-ce qui vit en moi depuis toujours, qu’est-ce que c’est mon intimité ? ». En fait c’est la question « qui suis-je ? » et la découverte de la valeur de l’introspection.

G. : Tu essaies d’introduire cette réflexion pour chacune de tes musiques ?

L. : Pour moi la musique y est intimement liée, quand ça ne l’est pas je suis très malheureuse.

G. : Le premier titre que tu as écrit sur Ex-Voto ?

L. : C’est Incandescente, que j’ai écrit dans cette veine dont je te parle. J’étais partie dans une session d’écriture seule en Auvergne, dans le Cantal. J’étais assez isolée des gens. Je l’ai écrite dans un moment mystique. J’étais dans une telle solitude que je cherchais une espèce de vérité, de lumière. Le moment était propice à l’écriture. Il y avait une pluie orageuse d’été que j’entendais sur le toit, et un feu dans la cheminée qui ne s’éteignait jamais avec ses braises. Incandescente parle de ça, de ces lumières qui vivent toujours malgré l’obscurité et l’agitation. 

« Mon inspiration, c’est l’envie de connaître mon mouvement intérieur. L’envie de rentrer en moi-même avec l’idée d ‘exploration de soi et d’en-soi, qui est un peu plus profonde que celle dont on a l’habitude » © Manon Ricupero
G. : La première personne avec qui aujourd’hui tu aimerais faire un duo ?

L. : J’adore le chanteur Pain Noir, j’aimerais le faire avec lui.

G. : Et ton duo sur (Not So Sad) Love Song avec le chanteur Florent Bertonnier, alias Refuge, comment s’est-il passé ?

L. : C’est une voix avec laquelle j’ai l’habitude de chanter. Cette collaboration était naturelle par notre amitié. C’était important de lui faire cette place-là sur mon premier album. On est très proche et très intime car j’ai fait mes premières scènes professionnelles quand j’étais altiste pour lui. C’est vraiment lui qui m’a poussé à écrire, qui a beaucoup cru en moi, quand je n’y croyais pas. Il m’a énormément porté, plus qu’il en a conscience. 

G. : Ton premier coup de cœur pour un instrument ?

L. : Il y a deux guitares que j’ai acheté la même année, ce sont des coups de cœur au-delà d’une explication rationnelle ou physique. J’ai commencé avec l’alto, qui est de la haute lutherie, alors la résonnance du bois ça me passionne pas mal. Dans mes mains, je me suis sentie émue et attirée par leur texture, leur odeur. Il y a eu une Martin Guitar, elle m’est complémentaire. Chaque Martin est différente avec des sons qui ne se reproduisent pas. La mienne était celle du guitariste de Damien Saez. L’autre, c’est une Alhambra Nylon. Il y a toute une mythologie autour de ces instruments-là qui me plaît beaucoup. 

G. : Ta première poutine au Québec ?

L. : C’était à La Banquise, on y mange des poutines délicieuses, mais c’est surtout un endroit ouvert toute la nuit. On y va quand on a très faim et qu’il est très tard. C’était pour le Nouvel An, à 4 heures du matin et je n’en ai aucun souvenir (rires).

G. : Ton premier album a été enregistré au Canada, pourquoi là-bas en particulier ?

L. : J’ai eu une période où tout ce que je découvrais et qui me plaisait venait du Canada. Ça a nourri une mythologie musicale très forte. Je crois que quand on aime très fort quelque chose avec son cœur, cette chose a des chances de nous aimer en retour. Et j’y allais souvent aussi car j’avais de la famille là-bas. Un jour, quelqu’un m’a dit : « quel est ton rêve profond ? », je lui ai répondu « aller au Canada pour enregistrer mon album ». Cette personne était mon futur producteur, il a exaucé mon rêve. 

« J’ai eu une période où tout ce que je découvrais et qui me plaisait venait du Canada. […] Je crois que quand on aime très fort quelque chose avec son cœur, cette chose a des chances de nous aimer en retour. » © Manon Ricupero
G. : Ta prochaine première fois ?

L. : Je vais faire mon premier Zenith bientôt, en première partie ! Et ma première Cigale aussi ! (ndlr, événements passés depuis l’enregistrement de l’interview.)

G. : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?

L. : D’avoir confiance, de livrer mes chansons avec le plus de cœur possible. De me libérer de mes peurs en allant toujours plus loin dans la sincérité.

G. : Et ta première fois avec Arty, c’était comment ?

L. : Ce n’est pas vraiment ma première fois avec vous, parce que c’était à La Rochelle pour Le Chantier des Francos. On s’était installé dans les transats de la Maison Deman, il faisait beau, j’ai ri et c’était très agréable. Je ne dis pas ça pour vous faire plaisir (rires). 

Ex-Voto de Lonny est à écouter sur Spotify.

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