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L’interview « Jeune premier » de Demain Rapides

L’interview « Jeune premier » de Demain Rapides

Anaïs Delatour

C’est un artiste complet qui a retenu notre attention parmi la programmation de l’édition 2022 du festival Ici Demain. Damien Deparis, alias « Demain Rapides », s’exprime définitivement tout aussi bien en arts plastiques qu’en musique en proposant des sons aux multiples influences (rap, pop…) et des textes efficaces aux métaphores affûtées. Il nous a aussi séduit par une présence scénique dont on sent qu’elle révèle toute sa fougue, son impatience et sa sensibilité. Nous avons partagé ses premières fois. On en redemande bien volontiers.

Damien Deparis a toujours été attiré par l’art. En même temps qu’il écrit ses premiers textes de rap, le jeune collégien est repéré par sa professeure d’arts plastiques qui l’encourage à continuer dans cette voie. Entre-temps, ou peut-être que tout s’est entremêlé, il s’intéresse aussi au cinéma. Il ne choisira pas. Il fera une école de cinéma, les Beaux-arts de Tourcoing et de la musique ! Après plusieurs projets en groupe et en solo, Demain Rapides se concrétise dans un EP vibrant début 2022. Et ce n’est que le début d’une future ascension que l’on sait déjà rapide pour un artiste qui nous confiera qu’il n’a plus le temps d’attendre.

Anaïs : Salut Damien ! Raconte-moi tes premières fois ! Quel est ton premier souvenir en lien avec la musique ?

Damien : Je crois que c’est Bob Marley qui résonne très fort dans la chambre de mon grand frère Teddy. C’est une sorte de madeleine de Proust encore aujourd’hui.

A. : Ton premier coup de foudre musical ?

D. : C’est Première consultation de Doc Gynéco. On est en 1996, l’album arrive chez moi en 1997 encore une fois par le biais de mon grand frère. Je ne pense absolument pas à ce que voulait dire Doc Gynéco dans son album mais je ressentais tellement la vibe, les instrus étaient folles et la baseline ouf.

A. : Quel est le premier CD que tu as eu quand t’étais ado ?

D. : Ça devait être Cut Killer Show, volume 1 ou 2. Il mixait les meilleurs du rap américain et du rap français. Le top du top !

A. : Le premier concert que tu as vu ?

D. : Il me semble que c’est une fête de la musique avec un groupe de chez moi qui s’appelait D2G et qui n’existe plus aujourd’hui.

A. : Tu as pas mal d’influences musicales. Qui est le premier (ou la première) artiste à t’avoir donné envie de faire de la musique ?

D. : C’est plutôt une succession d’artistes. J’étais à un concert de La Caution en 2015 pendant lequel j’ai pu rencontrer Nikkfurie et échanger avec lui de près. A l’époque, je lui avais même fait écouter une petite démo sur un CD-RW avec le titre gravé dessus au marqueur. C’est peut-être cette première rencontre qui m’a donné envie de faire de la musique, d’autant plus que c’est quelqu’un que j’estime énormément. Et même si mes morceaux étaient claqués de ouf à ce moment-là, j’ai commencé à me dire que c’était possible de parler à des artistes, de leur faire écouter mes morceaux et d’avoir des retours. Et donc, par extension, faire de la musique devenait accessible.

A. : Et la première personne à t’avoir mis le pied à l’étrier dans le monde de la musique ?

D. : Je dirais que c’est ma soeur ! Non seulement elle m’a donné une grande culture musicale en écoutant autant du RnB, du zouk que du rap et de la house, mais elle m’a toujours beaucoup soutenu, encore même aujourd’hui.

Demain Rapides à la 7ème édition du Crossroad Festival à La Condition Publique de Roubaix. Crédits photo : Philippe J / WeeSHO
A. : Ta première rencontre marquante ?

D. : Il y a évidemment celle avec Nikkfurie dont je te parlais tout à l’heure. Mais, il y a aussi  un regard qui m’a marqué, celui que j’ai échangé avec Lisa Gerrard lors d’un concert de Dead Can Dance au Grand Rex à Paris en 2012. Je me souviens bien de ce concert parce que j’avais galéré à avoir des places que j’ai fini par acheter méga chères sur le black market !

A. : Tu dis que Demain Rapides, ton projet musical, est né à la suite d’une série de dérapages. Comment a-t-il vu le jour ?

D. : Demain Rapides naît sur les cendres de plein d’autres projets, que ce soit en groupe ou en solo donc c’est vraiment une sorte de petit phoenix. L’idée est d’arrêter une bonne fois pour toute d’essayer d’être cohérent et de se cloisonner à une seule case musicale. Mes écoutes sont en fait vraiment diverses et variées donc je me suis dit que j’allais faire ce que je kiffe sans tout un plan marketing derrière !

A. : Tu sors ton premier EP, « Peine Moteur », en janvier 2022. Comment le décrirais-tu ?

D. : Je le décrirais comme essentiel à mon identité d’artiste. Si je suis là aujourd’hui, c’est beaucoup grâce à lui. Bien sûr que je le trouve un peu bancal et imparfait mais certainement génial aussi parce qu’il y a un peu de naïveté dans cet EP. En termes de technique vocale, je suis un peu monocorde tout le long. Je ne prends pas trop de risques. Mais je le kiffe et il me donne envie de faire dix fois mieux !

A. : Et tes textes, comment les caractériserais-tu ?

D. : Ce sont des sautes d’humeur, une envie de vider quelque chose. Je ne me dis jamais qu’il faudrait que j’écrive sur tel ou tel sujet. C’est plus un moment qui m’inspire, un truc marrant que j’ai entendu dans une conversation et qui va me donner une idée…

A. : Tu es également artiste plasticien. Est-ce qu’il t’arrive de faire des ponts entre la musique et l’art plastique ?

D. : Sur le clip de Plage Arrière, j’ai justement travaillé avec Jonathan Pêpe qui a fait le Fresnoy (Studio national des arts contemporains, ndlr). On s’est rencontrés quand j’étais aux Beaux-arts de Tourcoing car c’est juste à côté. Sur le clip de Chien Mort, j’ai travaillé avec Raphaël Moreira Gonçalves, également du Fresnoy. Et mes pochettes ont été dessinées par la peintre Marie Olga Charpentier. Donc je fais en effet régulièrement des ponts entre l’art plastique et la musique.

A. : Créer une oeuvre plastique est-il pareil que créer un morceau pour toi ?

D. : Non. J’ai un rapport à l’art plastique complètement différent de celui que j’ai à la musique. Je prends plus de temps dans l’art plastique, j’y mets de la réflexion, du concept, et j’essaie de trouver la bonne poésie. La musique, c’est beaucoup plus fluide, rapide et instinctif.

 

A. : Ta première fois sur scène, c’était où ?

D. : C’était sur le parvis de la gare de la ville d’Arras pour une fête de la musique. J’étais sur une scène qui ressemblait plus à un podium de fête de fin d’année sur lequel on était une vingtaine sur scène. Techniquement, ça n’aurait jamais dû tenir ! Mais c’était intense. J’étais timide, pas du tout dans les temps, mais c’était bien !

A. : Ici Demain est ton deuxième festival. Il représente quoi pour toi ?

D. : Il représente une marche supplémentaire et il me fait expérimenter une scène parisienne.

A. : Quelle est la première personne à qui tu penses pour faire un duo ? Si tout était possible…

D. : La Caution, directement ! Ce sont les meilleurs ! Et en artistes internationaux, je constituerais une équipe de cinq, composée de Björk, son pote Thom Yorke, Lisa Gerrard pour les choeurs, Juelz Santana et moi, comme j’ai réuni l’équipe et qu’ils me kiffent tous (rires) ! C’est très bizarre comme association mais je pense que ça peut être génial !

A. : Ta prochaine première fois, t’as envie que ce soit quoi ?

D. : Je pense que c’est d’avoir un chien. Il y a plein de choses qui vont avec le fait d’avoir un chien. Ça voudra dire que j’ai pu bouger de mon appartement et que j’ai un extérieur. Et le rêve, ce serait carrément d’avoir un chien et une cabane à la montagne.

A. : Donc même si t’as un titre qui s’appelle Chien mort, t’aimes bien les chiens en fait ?

D. : J’adore les chiens ! Justement, s’il y a Chien mort, c’est parce que je les aime trop !

A. : Et ta première fois avec Arty, c’était comment ?

D. : Marrant ! Enfin, je trouve ça marrant de faire une interview quand on ne sait pas encore exactement comment ça marche.

A. : Quelle est ta définition d’un artiste ?

D. : Yes, une question de bac ! Je pense que c’est une personne qui va puiser en elle le truc un peu sensible et qui essaie de le délivrer au mieux pour que d’autres personnes, qui ne sauraient peut-être pas comment fouiller en elles, puissent récolter le truc. Les artistes seraient des sortes d’agriculteurs qui distribuent leurs pommes de terre !

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