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« Influenceuse » : Le court métrage qui transforme Instagram en thriller

« Influenceuse » : Le court métrage qui transforme Instagram en thriller

Marin Woisard

Thriller ingénieux en format vertical, le court métrage de Sandy Lobry évoque les réalités du métier d’influenceuse avec, dans le rôle d’une jeune fan, l’actrice Lauréna Thellier. Elle nous raconte ce tournage pas comme les autres.

Lola est une jeune adolescente qui passe son temps sur Instagram, et qui fait plus particulièrement une fixette sur Miss Billy, une influenceuse dont elle commente les posts… Jusqu’à la défendre face aux haters et l’inonder de messages privés restés sans réponses. La promiscuité factice avec l’influenceuse monte rapidement à la tête de Lola. À son tour, elle s’imagine lancer une carrière sous le feu des projecteurs du haut de sa centaine d’abonnés. Mais très vite, tout va déraper…

Réalisé par Sandy Lobry, Influenceuse trouve un rare équilibre entre réalisme (tout est filmé au téléphone) et part de fiction (le virage à 180° dans le film de genre). L’actrice Lauréna Thellier tire son épingle du jeu avec une interprétation face caméra et sans filet de la jeune Lola. On est allé à sa rencontre pour un brin de causette.

Marin : Salut Lauréna. On t’a découverte à seulement 16 ans sur grand écran dans Ma Loute de Bruno Dumont. Tu me racontes tes débuts ?

Lauréna Thellier : J’ai effectivement débuté ma carrière sous la direction de Bruno Dumont à 16 ans. Le casting de Ma Loute était mon tout premier casting et de ce fait, mon tout premier rôle. Je n’avais jamais pensé à être actrice avant, à l’origine j’avais postulé car je voulais juste faire de la figuration pour me faire un peu d’argent de poche. Le tournage de Ma Loute m’a donnée envie d’être actrice et de continuer. Grâce à cette expérience, j’ai découvert ce qu’était un plateau de tournage, j’ai appris à jouer en jouant. Pour dire vrai, j’étais totalement ignorante sur le fait que je pouvais jouer et être juste. Au fur et à mesure des années, je me suis créé ma propre manière de travailler mes rôles. Bruno Dumont est pour moi quelqu’un qui compte beaucoup car je pense souvent à ce qu’aurait été mon parcours de vie si je ne l’avais pas rencontré.

M. : Tu choisis toujours finement les projets auxquels tu participes. Comment fais-tu tes choix ?

LT. : J’accorde beaucoup d’importance au choix des projets. Parfois quand je ne le sens pas, je n’y vais pas car je me fais assez confiance là-dessus. Je pense que c’est important pour moi de faire des choix dès le début pour ne pas m’y perdre après. Après, honnêtement, je n’en suis pas encore arrivée au stade de ma carrière où je choisis véritablement quels rôles je veux faire, il faut déjà réussir à les avoir en étant prise aux castings.

M. : Et ton rôle pour la série Mental sur France TV Slash, qu’est-ce qui t’a emballé ?

LT. : Pour la série Mental, c’est le scénario qui m’a parlé. Les auteurs Marine et Victor ont écrit une pépite, c’était super jouissif de lire un scénario si bien construit, avec des personnages si complets et une vraie palette de jeu à explorer. Et je me suis direct attachée au personnage d’Estelle. Je voulais vraiment ce rôle.

M. : Tu joues aujourd’hui dans le court métrage Influenceuse de Sandy Lobry. Comment le projet t’a été proposé ?

LT. : La réalisatrice Sandy Lobry m’avait vue dans la série Mental, elle m’a contactée par mail de la part de Slimane-Baptiste Berhoun (le réal de Mental et notre ami en commun) pour me proposer de passer un casting pour le rôle principal de son film. J’ai beaucoup aimé le scénario, je trouvais que le personnage de Lola avait une vraie profondeur, il y avait un vrai challenge à relever. Et c’est un sujet qui me tenait à cœur de défendre.

M. : Tu portes le film en interprète principale, face caméra, avec beaucoup de monologues. Comment travaille t-on ce genre de rôles ?

LT. : Je n’avais jamais tourné de cette manière et je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Tout était assez nouveau et j’avais deux principaux challenges. Le premier était que je cadrais le film en même temps que je jouais, car c’est moi qui tenais le téléphone et me filmais en mode « selfie ». Le second était de ne pas jouer en interaction directe avec son partenaire, je jouais en regardant le téléphone.

Alix Bénézech incarne Miss Billy, l’influence du court métrage éponyme réalisé par Sandy Lobry
M. Il y a une vision utopique du métier d’influenceuse, et aussi une grande part de mystère, de désir et de jalousie. Quel regard portes-tu sur ces nouveaux modèles portés aux nues sur les réseaux sociaux ?

LT. : Je vois le métier d’influenceur comme celui d’un commercial. Avant, la mise en avant des articles passait par du « porte à porte » pour accroître les ventes, maintenant il y a internet et les influenceurs. Les influenceurs vendent un mode de vie généralement parfait, idéalisé. C’est leur fonds de commerce. C’est évident qu’avec leur audience et leur popularité sur les réseaux sociaux, ils ont un réel impact pour orienter les goûts et les opinions. Ce sont des outils marketings. Personnellement, je respecte leur travail car j’ai conscience que ça ne doit pas être de tout repos. Il faut juste que la nouvelle génération fasse la distinction entre ce qui se vit sur les réseaux et la vraie vie. Il y a souvent un vrai écart, et c’est ce dont parle le film Influenceuse.

M. J’ai envie de tirer une comparaison entre le job d’influenceuse et celui d’actrice, qui peuvent se mettre toutes les deux en scène avec des codes très normés. Est-ce que tu ressens cette pression induite en tant qu’actrice ?

LT. : Je ne trouve pas que ce soit vraiment comparable, sans porter de jugement sur l’un ou sur l’autre. Moi je suis actrice et pas influenceuse, et une influenceuse n’est pas forcément une actrice : ce sont deux jobs différents. Personnellement, je ne m’impose pas de codes particuliers et je ne me mets pas en scène sauf quand j’interprète un personnage. C’est le réalisateur qui me met en scène, ce n’est pas moi toute seule. Un acteur est au service d’un personnage, d’un réalisateur et de la mise en scène. La seule pression que j’ain c’est d’être à la hauteur des rôles qu’on me propose. Au-delà, je n’en ressens pas spécialement.

M. : Ma dernière question est la signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un.e artiste ?

LT. : J’aime l’idée qu’un artiste soit un artisan et donc selon moi, un.e actrice est un.e artiste, un.e artisan qui prête sa voix, son corps, son énergie au service d’un personnage, pour servir une œuvre.

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