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Adèle Castillon : « Je ne suis pas du tout parfaite »

Adèle Castillon : « Je ne suis pas du tout parfaite »

Anaïs Delatour

Adèle Castillon n’est peut-être pas parfaite. Pourtant, la jeune artiste de 21 ans a déjà beaucoup de succès à son compteur avec son groupe Vidéoclub, qu’elle a formé avec Matthieu Reynaud jusqu’en 2021, et leur tournée internationale. Après « Impala », un premier single très bien accueilli l’été dernier, elle lance définitivement sa carrière solo en dévoilant « Rêve », le premier titre d’un album prévu pour octobre. Rencontre avec une artiste hypersensible, mélancolique, touchante et talentueuse.

Anaïs Delatour : Je t’ai récemment vu jouer à We Love Green pour ton premier concert en solo, qui marque aussi un peu ton retour sur le devant de la scène. C’était comment ?

Adèle Castillon : J’étais extrêmement stressée car c’était effectivement mon concert de reprise. En plus, je jouais plein de chansons pour la première fois sur scène donc il y avait un gros enjeu pour moi. Il y avait aussi beaucoup de monde et de partenaires professionnels donc je ne pouvais vraiment pas me rater ! Mais finalement, tout s’est extrêmement bien passé. Etre sur scène m’a aussi rappelé que c’était ce que j’aimais faire.

A.D. : J’ai eu la chance d’écouter ton prochain album et à l’écoute du premier titre, j’ai directement pensé à la chanteuse Adé, qui a récemment sorti un projet pop country. J’imagine que tu vois à quoi je fais référence. Est-ce une artiste dans laquelle tu te retrouves ?

A. C. : On m’a beaucoup parlé d’Adé en effet ! C’est marrant parce qu’à l’époque de Videoclub, on me parlait beaucoup de Therapie Taxi ! Et maintenant que je me suis lancée en solo, on me parle d’Adé. Il y a peut-être un truc avec nos voix, on a toutes les deux une voix grave. Par contre, je ne me retrouve pas énormément dans son univers artistique et musical. En tout cas, je l’aime beaucoup, on s’est pas mal croisées déjà.

A.D. : Quelles sont tes influences musicales pour cet album ?

A. C. : J’ai une playlist interminable de sons que j’écoutais au moment de la composition et de l’écriture de l’album. Il y a toujours pas mal de références aux années 80. Je pense aux premières musiques de Mylène Farmer, de Lio, ou du groupe Taxi Girl. J’ai aussi beaucoup écouté Miley Cyrus, en particulier son album Miley Cyrus & Her Dead Petz.

A.D. : Tu es produite par l’artiste électro Surkin. Comment s’est fait la rencontre entre vous ?

A. C. : J’ai signé avec le tout nouveau label de musique Iconoclast et Surkin est l’autre artiste signé donc ils ont voulu qu’on se rencontre. Moi à ce moment-là, je me cherchais encore, notamment dans mes sonorités donc il fallait que je rencontre des gens. Surkin est la première personne que j’ai rencontré, on a fait un test de musique ensemble et il s’est tellement bien passé qu’on a fait cet album ensemble.

Crédit photo : André Chemetoff.
A.D. : Avec quels autres artistes aimerais-tu travailler ?

A. C. : J’aimerais bien travailler avec un rappeur, Sopico ou Luther par exemple. Et bien sûr, si je peux faire un duo avec Billie Eilish, je suis évidemment preneuse ! En réalité, je suis toujours hyper curieuse des feat qu’on me propose et j’aimerais bien qu’on vienne plus souvent m’en proposer.

A.D. : A travers les thèmes que tu abordes dans ton album à venir, tu parles définitivement de ta génération. Comment la caractériserais-tu ?

A. C. : On est une génération pleine de contradictions. On a beaucoup d’espoir, on veut faire mieux, changer les choses et en même temps qu’est-ce que c’est dur de changer les choses ! Nos comportements sont hyper ancrés dans la société et dans un système dont on ne veut plus. Mais moi je dévore d’envie de changer les choses ! Je suis quand même optimiste car je trouve qu’on est une génération dynamique et de prise de conscience. Je crois que les mentalités changent.

A.D. : Et en même temps, on est une génération un peu déprimée, rien qu’à en juger par l’augmentation des dépressions chez les jeunes ou l’éco-anxiété qui se développe.

A. C. : Je pense qu’on est aussi une génération fragile. Quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression que tout le monde traverse des choses un peu difficiles mentalement. La santé mentale devient un vrai sujet.

Crédit photo : André Chemetoff.
A.D. : Tu parles aussi d’addiction.

A. C. : C’est un sujet qui m’est cher parce que j’ai traversé une période d’addictions. J’en suis sortie mais ça été très souffrant pour moi. J’avais donc déjà envie d’en parler parce que ça fait partie de moi et que je voulais faire quelque chose de positif de mon histoire, mais aussi parce que je veux que des gens qui ont vécu ou vivent la même chose puissent s’identifier. Je trouve que c’est important, en tant qu’artiste, de montrer des aspects plus sombres de sa personnalité, ses souffrances, ses failles, comme Billie Eilish justement. Je ne suis pas trop dans le délire de me montrer parfaite parce que je ne le suis pas du tout.

A.D. : Tu exprimes beaucoup de sentiments à travers la musique : l’amour, l’état amoureux, la déception… Trouves-tu qu’on a plus de mal à dévoiler ses sentiments aujourd’hui ?

A. C. : Je ne sais pas. De mon expérience, j’ai toujours eu besoin de comprendre ce que l’autre vit, traverse, ressent. Inversement, j’ai plus de mal à montrer mes sentiments dans la vraie vie. Les émotions positives, je n’ai aucun problème mais dès qu’il s’agit d’émotions perçues comme négatives comme la tristesse, la colère ou la douleur, c’est plus compliqué. C’est sans doute pour cela que je le fais dans la musique. Je suis quelqu’un d’hypersensible et j’ai un terrain addictif, l’écriture et la musique me permettent d’extérioriser fort.

A.D. : L’hypersensibilité, tu dirais que c’est une force ou une faiblesse ?

A. C. : Je l’ai longtemps considérée comme un boulet car c’est difficile de vivre chaque émotion plus forte que les autres. Aujourd’hui, j’essaie d’en faire ma force parce que c’est aussi grâce à cette recherche de sensations fortes, à cette manière de vivre les choses que je suis capable de faire de la musique et de monter sur scène. Je n’écrirais pas les mêmes chansons si je ne vivais pas aussi intensément. J’écris beaucoup sous impulsion, je mets sur le papier ce que je ressens très vite.

A.D. : Les médias disent de toi un peu partout que tu es la « nouvelle coqueluche », la « révélation » de la pop française. Ça fait quoi quand on te dit ça à 21 ans ?

A. C. : C’est hyper plaisant. Je le prends super bien ! J’espère être à la hauteur.

A.D. : Et en même temps, la musique est arrivée très tôt dans ta vie. A 15 ans, tu avais déjà généré 110 millions de vues avec « Amour plastique ». Tu es un peu déjà préparée à la notoriété, non ?

A. C. : C’est vrai que j’ai commencé très tôt. Depuis toute petite, je sais que j’ai envie de faire quelque chose de mes émotions. J’ai besoin de les exprimer d’une manière ou d’une autre. J’ai fait beaucoup de photo, de la vidéo et il y avait la musique à côté qui était le domaine où j’étais le plus timide. Me mettre à chanter devant quelqu’un, c’était comme me mettre à poil. C’est en rencontrant Matthieu que j’ai compris que c’était possible. Videoclub a super bien marché et au moment où on s’est séparés, je me suis rendue compte que je n’avais pas envie de lâcher ces sensations.

A.D. : Quelle est ta définition d’un artiste ?

A. C. : C’est quelqu’un qui ressent le besoin de transmettre quelque chose à l’autre.

Adèle Castillon sera au Rose Festival de Toulouse le 2 septembre.

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