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« The Suicide Squad », un deuxième essai pour le podium

« The Suicide Squad », un deuxième essai pour le podium

Olivier Fade

La communication et le marketing nous avaient presque perdus. Voici The Suicide Squad, reboot, remake ou suite du film de 2016 (on ne sait plus trop). Une partie de l’équipe a changé, pour le meilleur ?

Une collection d’escrocs, dont Harley Quinn, Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard et Javelin sont jetés sur une île lointaine, lourdement armés. Le gouvernment dans leur oreillette, ils sont en mission de recherche et de destruction à travers une jungle grouillant d’adversaires et de guerilleros à chaque tournant. Seul le Colonel Rick Flag est sur le terrain pour les encadrer.

Gunn à la rescousse

Le public et les critiques étaient quasiment unanimes : le raté de David Ayer – plutôt celui de Warner Bros qui refusait au cinéaste son director’s cut, quoique les espoirs que ce dernier soit sensiblement meilleur que le montage du studio étaient particulièrement minces – devait a priori enterrer la franchise. C’était sans compter sur la nouvelle maturité émotionnelle des executives Warner. Après avoir cédé aux fans le Snyder Cut tant attendu de leur Justice League, les pontes du studio ont fini par comprendre que lorsque l’on confie un projet à un cinéaste qui sait ce qu’il fait, le résultat est tout de suite beaucoup plus intéressant. Comme quoi, il en faut finalement peu pour sauver un film. Comme par exemple, poser les règles du jeu dès l’introduction du film, et enfin donner au film sa raison d’être.

Les productions hollywoodiennes se suivent et se ressemblent (parfois) beaucoup. Avec The Suicide Squad, DC tient enfin son Deadpool : un film classé Restricted aux Etats-Unis (interdit aux moins de 17 ans), dans lequel on dit enfin fuck au travers de gigantesques bains de sang. James Gunn prétendait vouloir réaliser la meilleure adaptation de comics jamais faite. Pari réussi ? Si le film n’ira pas non plus décrocher les lauriers de Watchmen et The Dark Knight (toujours DC, tiens tiens…), il peut légitimement prétendre à une jolie médaille de bronze – tu remarqueras l’actualité olympique de cette chronique. On le répète : James Gunn a compris et apprécié le matériel qu’il avait entre les mains, ce qui fait toute, mais alors, TOUTE, la différence.

Harley Quinn écrite par James Gunn : Margot Robbie tient la plus belle itération de son personnage. Une scène à nous arracher quelques larmes, une évasion sans trucage, une scène d’action à la Old Boy parmi les plus belles du film

Nous t’avons rêvé, trop tard ?

Il n’y a pas une seconde d’ennui dans The Suicide Squad. Le montage joue des temporalités pour mieux se défaire d’une chronologie narrative trop linéaire ; l’action y est démente, explosive, sanguinolente ; de nombreux plans rendent justement hommage aux comics d’origine ; la bande son est probablement moins iconique que celle des Gardiens, elle reste toutefois vraiment excellente. Il n’y a pas une seconde d’ennui et il n’y a pas beaucoup de points négatifs à soulever non plus.

Le seul problème du film devrait être sa date de sortie. Il y a dix ans, The Suicide Squad serait aussitôt devenu culte. Sauf qu’il y a dix ans, Deadpool ne s’était pas encore fait, et James Gunn ne pouvait pas encore surfer sur le succès des Gardiens. Cette nouvelle mouture de l’équipe des vilains reste le produit cumulé de toutes ces expériences internes et externes, et qui ont permis au réalisateur de mettre en images sa vision toute particulière, sans la moindre concession ni le moindre édulcorant.

Il y a dix ans, The Suicide Squad serait aussitôt devenu culte. Sauf qu’il y a dix ans, Deadpool ne s’était pas encore fait, et James Gunn ne pouvait pas encore surfer sur le succès des Gardiens.

De la psychologie des super-méchants

Le plus beau point de l’œuvre reste le traitement psychologique des personnages. C’est surtout à ce niveau-là qu’il atteint les sommets gravis par les deux mastodontes DC cités plus haut. On pourrait presque avancer que Polka-Dot Man est un des personnages les plus touchants qu’un film de super-héros ait mis en scène. James Gunn joue des silences, des regards, des pauses – bien sûr les acteurs y incarnent les vilains avec une aisance particulièrement jouissive – des flashbacks et autres nuances de dialogue pour sortir ses comédiens du simple blockbuster estival bête et méchant. En termes de profondeur, Harley Quinn et Cie n’ont pas grand chose à envier à Rorschach et ses acolytes.

Soyons clairs, la réussite de The Suicide Squad, à tous les niveaux, est totale. L’avenir nous dira s’il est dommage qu’elle doive être célébrée à l’heure où les cinémas ne sont plus qu’inondés par le « cinéma Marvel », comme le déplorait récemment Martin Scorsese.

THE SUICIDE SQUAD
Réalisé par James Gunn
Avec Margot Robbie, Idris Elba, John Cena, Viola Davis
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