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« La Terre des hommes », une agricultrice seule contre tous

« La Terre des hommes », une agricultrice seule contre tous

Nina Phillips

Aujourd’hui, dernier mercredi d’août, il y a comme un parfum de rentrée, déjà, dans les salles françaises. On commence cette nouvelle semaine ciné par La Terre des hommes, un drame à l’actualité brûlante sur l’agriculture hexagonale.

Diane Rouxel dans le rôle principal de Constance : une carrière déjà riche, confirmée notamment par son rôle dans Les Garçons sauvages, de Bertrand Mandico, en 2018

Constance est fille d’agriculteur. Avec son fiancé, elle veut reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut s’agrandir, investir et s’imposer face aux grands exploitants qui se partagent la terre et le pouvoir. Battante, Constance obtient le soutien de l’un d’eux. Influent et charismatique, il tient leur avenir entre ses mains. Mais quand il impose son désir au milieu des négociations, Constance doit faire face à cette nouvelle violence.

Un sans-faute sur l’interprétation

Depuis quelques années, plusieurs films mettent en évidence la réalité du monde rural et plus précisément celle vécue par les agriculteurs. Dans la verve des Petit Paysan ou Au nom de la Terre avant lui, La Terre des Hommes, réalisé par Naël Marandin, s’inscrit dans cette typologie au travers d’un récit maîtrisé. Présenté à la semaine de la critique à Cannes en 2020, le long métrage dispose enfin d’une date de sortie, et on t’encourage vivement à y jeter un œil ou deux.

Déjà repérée dans Volontaire (Hélène Fillières, 2018), Diane Rouxel livre dans le rôle principal une nouvelle performance à fleur de peau. Son personnage ne manque pas d’émouvoir, surtout dans les moments de sidération face à Sylvain, incarné par Jalil Lespert. Celui-ci, particulièrement convaincant, réussit à donner de la nuance à un personnage manipulateur. Il faut aussi reconnaître là le talent de Naël Marandin, qui maîtrise à la perfection les non-dits et les sous-entendus, que ce soit dans les dialogues et la mise en scène. La casting est complété par Olivier Gourmet et Finnegan Oldfield, touchants et justes dans les rôles respectifs du père et du compagnon.

Les deux comédiens, couple à l’écran, ont passé du temps chez des éleveurs pour préparer au mieux leur rôle et l’immersion en terrain inconnu

Actuel à brûle-pourpoint

Naturalistes dans leur réalisation, certaines séquences surprennent néanmoins avec des partis pris proches du cauchemardesque. Difficile ici de ne pas spoiler le spectateur, mais il est intéressant de voir que le réalisateur réussit à insuffler une chape de plomb et un rythme plus soutenu dans la deuxième moitié du film. De très beaux plans de nuit participent également à l’accélération de la descente aux enfers que subit l’héroïne et qui s’exprime ici visuellement.

La Terre des hommes est un vrai pari car l’intrigue allie plusieurs thématiques fortes : le poids de l’héritage, les difficultés des éleveurs, le combat d’une jeune femme pour trouver sa place dans un milieu dominé par les hommes, la manipulation et le viol. Évidemment, le film n’en est que plus riche, mais le dénouement coïncide malheureusement avec un retournement de situation happy end fabriqué, qui rend le message final plus confus qu’on ne le souhaitait… Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un très beau long métrage, qui animera sans nul doute les débats de sujets brûlants d’actualité et qui remettra un éclairage nécessaire sur la détresse croissante que vivent les agriculteurs français.

LA TERRE DES HOMMES
Réalisé par Naël Marandin
Avec Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert
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