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La révolution au cinéma en 9 films

La révolution au cinéma en 9 films

Marin Woisard

En pleine contestation populaire face à la réforme des retraites, accentuée par le passage du 49.3 à l’Assemblée Nationale, il souffle comme un air de révolte sur Paris. On s’est penché sur ces grands moments insurrectionnels, qu’ils soient historiques ou fictifs, que le cinéma a mis en scène.

MATRIX (1999)

Réalisé par Lana et Lilly Wachowski

Pilule rouge ou pilule bleue ? Il y a 22 ans déjà sortait Matrix des sœurs Wachowski, auréolées alors d’une solide réputation au sein du cinéma indépendant américain avec le sulfureux Bound en 1996. Rien à voir cependant avec la déflagration du premier Matrix, sorti à l’aube du nouveau millénaire, qui s’impose rapidement dans la pop culture comme un véritable chef d’œuvre cyberpunk et insurrectionnel. Pour suivre le lapin blanc et s’extraire du Pays des Merveilles, Néo doit accepter d’affronter la réalité et revendiquer son existence contre la simulation, avant de mener une rébellion de la terre contre l’artificiel. Si l’on n’a pas de bullet time dans notre monde, Zion apporte d’innombrables clefs philosophiques pour rester droit dans ses bottes.

Chroniqué par Marin.

SNOWPIERCER (2013)

Réalisé par Bong Joon-ho

2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les seuls survivants sont destinés à vivre dans un train condamné à tourner autour de la Terre sans s’arrêter. Imagine l’exécutif et les manifestants à bord d’un train en mode Super Smash Bros. Entre contestation de l’abus du pouvoir politique et inégalités sociales, le réalisateur oscarisé Bong Joon-ho transpose et retranscrit à merveille la dystopie créée par Jacques Lob et Jean-Marc Rochette. Exit tout romantisme et manichéisme pouvant nuire au propos. Le réalisateur-sociologue coréen livre une vision du futur teintée de réalisme.

Chroniqué par Thierry.

MÊME LA PLUIE (2010)

Réalisé par Icíar Bollaín

Un pavé dans la mare (d’eau de pluie), voilà ce qu’incarne le geste puissant et maîtrisé de Même la pluie. Écrit par Paul Laverty, le scénariste de Ken Loach, et réalisé par l’espagnole Icíar Bollaín, le long métrage s’inspire de la « révolte de l’eau » en Bolivie au début des années 2000, un mouvement social né de la volonté gouvernementale de privatiser les services de l’eau par un consortium transnational. En parallèle du récit historique et politique, Même la pluie suit un jeune réalisateur, Sebastián (interprété par l’incroyable Gael García Bernal), qui tourne une fresque sur l’asservissement des Amérindiens lors de l’arrivée de Christophe Colomb au XVIe siècle. Et voilà l’Histoire qui se répète, quand les Indiens s’engagent en première ligne face à l’injustice de ne pouvoir disposer du droit le plus élémentaire : l’accès à l’eau. Se pose alors le cas de conscience d’un cinéaste qui se dit engagé, mis face à son intégrité.

Chroniqué par Marin.

PERSEPOLIS (2011)

Réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Téhéran, 1978. Marjane, âgée de 10 ans, songe à devenir prophète et sauver le monde. Débutent l’instauration de la République islamique et le temps des « commissaires de la révolution » qui contrôlent tenues et comportements. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Ses parents l’envoient alors en Autriche par mesure de sécurité. Adapté du roman (autobio)graphique éponyme, le film questionne la place de la femme dans la société iranienne et narre les différentes révolutions (intérieures et politiques) auxquelles Marjane Satrapi sera confrontée. Une œuvre en écho avec les actuelles révolutions iraniennes. Prophétique ?

Chroniqué par Thierry.

LE CUIRASSÉ POTEMKINE (1925)

Réalisé par Mikhailovich Eisenstein

Avant Brian de Palma, l’as du montage, il y eût le Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, l’auteur du Cuirassé Potemkine, longtemps considéré comme « le meilleur film de tous les temps ». La singularité du film ? Sa scène mythique avec ses marches interminables grâce à un procédé de montage qu’Eisenstein a théorisé. L’œuvre se déroule en 1905, année révolutionnaire, et relate la mutinerie des marins d’Odessa, suivie d’un soutien et d’une insurrection populaires réprimés par l’armée tsariste. Eisenstein, alors âgé de 27 ans, doit répondre aux exigences de l’État soviétique : réaliser un film pour célébrer le vingtième anniversaire de la révolution manquée de 1905. Un film historique dans tous les sens du terme pour sa réussite esthétique, son impact dans l’art cinématographique et son implication dans la scène politique. 

Chroniqué par Thierry.

THE DREAMERS (2003)

Réalisé par Bernardo Bertolucci

Eva Green, Louis Garrel et Michael Pitt dans un huis clos sensuel (ou plutôt clairement érotique), tandis que les étudiants battent le pavé de Mai 68. Voilà le pitch de ce classique du cinéaste italien Bernardo Bertolucci après des années d’errance hollywoodienne. Véritable tour de force consacrant la liberté d’aimer et la libération sexuelle en pleine ébullition, The Dreamers prouve que la révolution peut brûler dans la rue autant que dans l’intimité d’un grand appartement parisien. Quant à Eva Green, qui apparaît ici pour la seconde fois sur grand écran, elle reste à jamais la grande révélation d’une pellicule qui incendie nos désirs d’émancipation.

Chroniqué par Marin.

LA PORTE DU PARADIS (1980)

Réalisé par Michael Cimino

Grand film maudit d’un des derniers auteurs classiques américains, La Porte du Paradis charrie son lot de mythes et d’aficionados énamourés, qui ne cessent de défendre sa vision émancipatrice. Cet anti-western de Michael Cimino s’accompagne pourtant historiquement d’une défaite, puisqu’on lui attribue la faillite de son producteur United Artists, qui comptait parmi les plus importantes majors américaines. Mais ce que l’on en retient a posteriori, c’est la victoire d’une vision de cinéaste sans concession, d’une critique des massacres de masse engendrés par la conquête de l’Ouest, et la puissance d’un amour entravé par un nouvel ordre réactionnaire. Finalement, il s’agit entre les lignes du récit éternel des luttes : celle d’un cinéaste contre le sytème, et de ses personnages en quête de liberté.

Chroniqué par Marin.

THEY LIVE – INVASION LOS ANGELES (1988)

Réalisé par John Carpenter

Que faire quand on découvre que le monde est dominé par une élite cachée sous des masques, et qu’on est le seul à le voir ? Voilà le pitch dystopique de They Live (on préfère le titre original à celui français d’Invasion Los Angeles) qui prend place dans la mégalopole californienne à la fin des années 80. John Nada (génial Roddy Piper) découvre en mettant des lunettes de soleil que des extraterrestres ont pris le contrôle des masses, en nous matraquant à grands coups de messages publicitaires. Avec cette furieuse série B d’action, John Carpenter livre un défouloir au plaisir régressif, qui tire à tout rompre sur la politique capitaliste de Reagan.

Chroniqué par Marin.

UN PEUPLE ET SON ROI (2018)

Réalisé par Pierre Schoeller

Revivre la Révolution française par substitution, c’est possible. Pierre Schoeller te donne l’occasion en relatant les événements de 1789 à 1793 en cent vingt minutes. Durant cette période, les jours de Louis XVI, qu’interprète magnifiquement Laurent Lafitte de la Comédie-Française, sont comptés. Le peuple doit décider de son sort. L’ambiance tendue à l’Assemblée nationale est retranscrite avec précision. Parmi les grandes oeuvres ayant pour sujet la Révolution, on note principalement Danton d’Andrzej Wajda pour ses fabuleuses joutes verbales entre Depardieu et Pszoniak, qu’analyserait volontiers Clément Viktorovitch. Contrairement à Wajda, l’auteur de L’Exercice de l’État prend le contre pied et met plutôt l’accent sur le débat public. Tout citoyen a le droit de parole, y compris les accusés.

Chroniqué par Thierry.

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