fbpx
En cours de lecture
Eléonore Costes et sa nouvelle série « Break Up » : Quand la fiction dépasse la réalité

Eléonore Costes et sa nouvelle série « Break Up » : Quand la fiction dépasse la réalité

Yseult

Actrice, auteure et musicienne, Éléonore Costes se confie à notre micro sur sa nouvelle série Break Up. Un projet autobiographique qui synthétise l’ensemble de ses talents.

Éléonore Costes est la scénariste et la tête d’affiche de la nouvelle série Break Up réalisée par Vladimir Rodionov, un des créateurs de Golden Moustache et ex-directeur artistique de la chaîne. Inspiré de sa propre vie, Break Up a été en compétition officielle au festival Séries Mania en 2019 et l’épisode pilote est actuellement disponible sur la plateforme Pickle TV d’Orange. Un petit bijou émouvant de sincérité qui illustre son talent de scénariste et sa manière si personnelle de capter le réel.

Break Up raconte l’histoire de Sara, une jeune scénariste, qui tente de se remettre de sa rupture avec Benoît, célèbre acteur de cinéma, interprété par Jérôme Niel. Elle fait la rencontre de Xavier, réalisateur réputé, qui s’intéresse à un scénario autobiographique qu’elle a écrit. Xavier réalisera le film mais à une condition : que Benoît et Sara jouent les rôles principaux. Addicte aux médicaments, Sara replonge alors dans les tourments qui sont les siens.

Yseult : Salut Eléonore ! On te connaît sur le web pour ton rôle dans Le Visiteur du futur et pour tes vidéos au sein du collectif Golden Moustache et Studio Bagel. Ta chaîne Youtube cartonne avec Les topos de Lolo et Genre humaine. Comment te définis-tu aujourd’hui ?

Éléonore: Humainement, je me définis comme une femme heureuse car j’ai réglé pas mal de mes problèmes internes ces dernières années. Je suis devenue quelqu’un que je ne pensais jamais être, à savoir une personne posée et réfléchie. Bien qu’il m’arrive d’avoir des coups de sang, car mon caractère nerveux ne changera jamais.

 

Artistiquement, je ne peux pas me considérer entièrement comblée car j’ai le goût de la perfection. Mais ces derniers temps, je suis satisfaite de mon travail grâce aux retours positifs sur ma chaîne Youtube, notamment sur ma série Genre Humaine. Les gens ne le savent pas mais je chiale quand je lis leurs commentaires, j’en suis comblée.

Y. : Quels sont les créateurs et créatrices de contenus qui t’ont inspiré ? Des séries de références ?

E. : La série qui me bouleverse, c’est Girls de Lena Dunham. Son travail est criant de vérité, c’est aussi de l’autofiction comme pour Break Up. La réalisatrice a des choses très intéressantes à raconter autour de l’addiction aux médicaments, elle a aussi vécu la dépersonnalisation. Quand j’ai découvert son autobiographie, j’ai eu l’impression de lire la mienne.

 

Dernièrement, celle qui m’inspire beaucoup c’est la réalisatrice de Fleabag, Phoebe Waller-Bridge. Son inspiration à elle est également Lena Dunham (rires) ! J’ai l’impression que Lena Dunham est le pilier de toutes les créatrices qui tentent de raconter des choses très sincères. J’adore également les séries comme Master of Nones, Love de Judd Apatow ou Lovesick. On se rapproche toujours des mêmes thématiques à savoir les relations humaines et l’approche du réel.

Y. : Est-ce qu’il y a des personnes (acteurs, réalisateurs) avec qui tu rêverais de travailler ?

E. : Le rêve ultime ce serait Gérard Depardieu (rires). Il y a beaucoup de personnes avec qui je rêverai de travailler mais Gérard, ça reste le summum. Pour les réalisatrices, j’aimerai travailler avec Julie Delpy, Lisa Azuelos, et pour les réalisateurs ce serait Terrence Malik ou Wes Anderson. Soyons fous !

Y. : Ta série Youtube Genre Humaine traite déjà de névroses et des aléas de la vie avec justesse. Comment trouves-tu le bon ton lorsque tu écris ? Quelle est ta routine d’écriture ?

E. : Ma routine c’est d’écrire le matin au réveil. Je prépare mon café et je me mets devant l’ordi. C’est à ce moment-là que ma concentration est au maximum. Je travaille en général jusqu’à 13h et ensuite je fais du sport. L’après-midi, j’ai beaucoup plus de mal à écrire. Lorsque j’écris, je ne me détache jamais vraiment de moi. C’est à ce moment-là que Vladimir (le réalisateur de Break Up, ndlr) intervient. J’essaye au maximum de ne pas prendre de recul, c’est le regard extérieur d’une personne de confiance qui va me guider sur ce que je dois enlever ou sur ce que je dois développer. Quand j’écris, je chiale, je ris, si on me voyait de l’extérieur je passe pour une tarée ! Je passe par toutes les émotions donc pour moi c’est un exercice très solitaire.

 

J’écris seule tous mes projets sauf récemment la série Zérostérone, également en compétition au festival Séries Mania. Ça me manque de travailler à plusieurs, les réunions d’auteurs qu’on faisait à Golden Moustache où on brainstormait sur les sketchs, ça donnait des échanges très intéressants. Actuellement, écrire en solo me convient car j’écris des choses très personnelles et que je suis une conne égocentrique qui tient à ses projets (rires). Mais ça m’a quand même beaucoup plu d’écrire à plusieurs et d’inventer une histoire de A à Z. J’ai très envie de réintégrer des pôles d’auteurs mais c’est compliqué car on ne me considère pas encore assez comme une autrice. C’est ce que j’essaie de faire comprendre avec ma chaîne Youtube et Break Up. Ça m’intéresse beaucoup plus d’écrire que de jouer.

Y. : La série est inspirée de ta propre vie, tu savais d’emblée que tu voulais interpréter ton propre rôle ou tu avais d’autres comédiennes en tête ?

E. : Au départ, c’était évident pour moi de jouer Sara mais quand je suis rentrée dans le processus d’écriture, j’ai remis cette évidence en question. Au fur et à mesure de l’avancement du projet, c’est Vladimir qui m’a convaincue de l’interpréter en me posant cette simple question « Est-ce que tu imagines quelqu’un d’autre la jouer ? ». Ma réponse a été sans appel, bien que je savais que ce rôle serait dur à jouer. J’ai dû volontairement me remettre dans la pire période de ma vie.

 

Le tournage a été difficile car pour la première fois, j’ai dû vraiment faire le travail d’acteur, c’est-à-dire de me dissocier de mon personnage. Le soir, je faisais des séances de méditation chez moi mais je restais dans un état second. Ma sœur Raphaëlle, qui joue également son propre rôle dans la série, ne me reconnaissait pas sur le plateau. Je n’agissais plus du tout de la même manière, j’étais muette et dans ma bulle. J’étais tellement concentrée pour ne pas flancher que je n’arrivai pas à déconner alors que c’est quelque chose que je fais tout le temps. J’avais peur de perdre la fragilité de Sara.

Dans la série Break Up, Eleonore Costes incarne Sara, une jeune scénariste.
Y. : Que nous conseilles-tu pour éviter d’angoisser comme ton personnage Sara dans Break Up ?

E. : Ce que j’ai essayé de faire à l’époque, c’est de transformer la peine en action. De transformer la merde en matière pure artistique. Sauf que ça marche uniquement si on est dans le domaine artistique ! Il faut mettre cette tristesse, cette angoisse, quelque part, trouver quelque chose pour dépasser cet état pour ne pas le ressasser en permanence. Et même ça c’est difficile, j’ai encore l’estomac noué quand je pense à cette période de ma vie dans Break Up alors que ça fait 8 ans… Je pense qu’il faut accepter la tristesse comme un petit bagage que tu gardes avec toi, en prendre soin, ne pas le détester mais ne pas le laisser occuper toute la place.

Y. : Dans tes projets (BD, vidéos) tu parles beaucoup de ta famille et notamment de ta sœur qui incarne son propre rôle dans la série. C’est important pour toi d’être le plus fidèle possible à la réalité ?

E. : Pour moi c’est indispensable. Dans la mesure où tu veux toucher des gens, il faut être 100 % sincère. Quand je parle du cancer de mes parents dans mes vidéos, j’en fais des caisses mais je ne vais pas forcément raconter les moments intimes qu’on a. J’essaie un maximum de rester fidèle à une certaine réalité. En général, je ne me fixe pas de limites mais je me questionne toujours quand je parle des autres sur ce que je dois dévoiler ou pas. Sur des épisodes comme Genre Humaine, ça ne heurte personne. Ça m’est arrivé qu’un ex ait eu l’impression que je le décrivais alors que pas du tout ! Lorsque je parle de mes proches dans mes fictions, c’est sur des choses ou des reproches qu’ils savent déjà. La communication est hyper importante pour éviter les malentendus, il faut toujours rester respectueux.

Y. : Quel est le message que tu souhaites transmettre à travers Break Up ?

E. : C’est toujours un peu le même message que je souhaite véhiculer, même à travers les épisodes de Genre Humaine. Ne jamais perdre espoir. On est tous paumés, on sait que c’est la merde parfois mais c’est l’espoir de rencontrer quelqu’un, l’espoir d’aller mieux qui nous maintient en vie. Je souhaite faire relativiser, se rendre compte que tout va bien, que ce sont des problèmes de riches hétéros blancs et qu’on est hyper privilégiés ! On a ces problèmes-là car on le temps de se poser ces questions-là. Si je m’endors en pensant à la fin du monde et le matin au réveil, j’y pense encore, c’est que j’ai l’espace de cerveau disponible pour ne pas me préoccuper de comment survivre au jour le jour. Je pense qu’il faut essayer d’alléger nos pensées négatives pour laisser plus de place au positif.

Y. : Comment arrives-tu à te détacher de ton métier de scénariste et d’actrice en dehors du travail ?

E. : Ce qui me fait pas mal me déconnecter, ce sont mes relations. Quand je suis amoureuse et en couple, si je passe le week-end avec mon copain, je me consacre entièrement à lui. C’est toujours tentant de noter des choses quand la situation m’inspire, c’est difficile d’entièrement dissocier mes envies créatives de ma vie privée. Néanmoins, j’arrive à me contrôler, même si c’est fatiguant pour les autres (rires).

Y. : Un premier pilote de Break Up a été produit, sélectionné au festival Séries Mania et diffusé sur Pickle TV. Comment envisages-tu la suite de Break Up ?

E. : Malheureusement, je n’ai pas les cartes en main. Les deux premiers épisodes qui forment un pilote ont été produits par Golden Stories qui s’occupe de les vendre… Mais quand on vient uniquement du web c’est compliqué. Dans le milieu télévisuel je ne suis personne, les gens n’en ont rien à foutre d’Eléonore Costes ! Si j’avais un casting de malade comme Gérard Depardieu, ça marcherait peut-être (rires). On est sur le même combat que je menais à l’époque où j’étais simplement actrice pour décrocher des castings et qu’il y avait toujours la fille d’Untel qui passait avant moi. Après, la chance qu’on a, c’est l’émergence de nouvelles plateformes telles que Netflix et Amazon Prime Video. Des séries comme Osmosis ou Plan Cœur, qu’on aime ou pas, c’est quand même trop cool que ça puisse se faire en France ! Comme quoi il reste de l’espoir (sourire).

Y. : Bientôt un topo sur l’écriture d’un scénario ? As-tu d’autres projets ?

E. : J’annonce la fin de l’émission Les topos de Lolo car j’ai un peu fait le tour du concept ! Je préfère utiliser mes idées sur un format moins podcast comme Genre Humaine qui tend vraiment vers ce que je veux faire. J’ai vraiment envie de me détacher du sketch. J’essaye de me dégager au maximum des clichés, du format comédie pour aller vers la fiction. En tant que public, j’essaie toujours de deviner les répliques, les situations à l’avance, ce qui fait bien chier tout le monde (rires) ! Quand j’écris, je fais en sorte que les spectateurs ne s’attendent pas à ce qui arrive. Surprendre sans pour autant que ça sonne faux.

 

Concernant mes autres projets, je me concentre essentiellement sur Genre Humaine. J’aimerais finaliser la saison, j’ai déjà 7 épisodes écrits et des idées à foison. La série va s’inscrire dans la continuité des personnages déjà installés. J’espère également faire une deuxième BD avec Karensac (l’illustratrice de La soutenable légèreté de l’être ndlr), qui ne serait pas la suite du premier tome. Je ne peux pas trop en dire, mais ça tournera autour des relations amoureuses, eh oui encore (rires) !

 

Je réoriente aussi mes projets sur la musique, j’ai vraiment envie de me lancer là-dedans. J’ai eu un groupe avec ma sœur, mais je n’ai jamais osé me lancer en solo… Par chance, j’ai un partenariat avec La Banque Postale qui m’offre la possibilité de me produire aux Solidays le dimanche 23 juin à leur stand. Ça m’a grave reboostée, je vais proposer sur ma chaîne des reprises en assumant d’être seule, en invitant des guests pour faire des featuring donc plein de bonnes choses en perspective.

Merci Eléonore ! Retrouvez sa série Break Up sur Pickle TV.

© 2023 Arty Magazine. Tous droits réservés.

Retourner au sommet