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Bolivard s’amuse des galères du quotidien dans « La Vie »

Bolivard s’amuse des galères du quotidien dans « La Vie »

Marin Woisard

Face A, Bolivard est illustrateur et graphiste pour le label de bon goût Cookie Records. Face B, il est producteur électro avec son nouveau morceau funky La Vie sorti sur la même écurie. Interview sympatoche.

Bolivard fait partie de cette caste d’artistes avec qui l’on passerait l’été sans rechigner : sur une plage avec sa petite guitare funky, dans un club surchauffé au rythme de ses basses, sur l’autoroute du soleil avec ses ritournelles pop. Connu pour ses remixes de French 79, Kid Francescoli et Sam Dian, le producteur alterne entre des productions lumineuses et d’autres plus contrastées, déclinées visuellement avec sa tenue noire et blanche. Sans ne se limiter à la seule musique, l’artiste assure la direction artistique de ses copains du label Cookie Records.

Un univers bipolaire tout en contraste

Son nouveau single La Vie présente son univers bipolaire en énumérant les petites galères du quotidien. En résulte un titre entre l’univers barré de Salut C’est Cool, le phrasé de Chagrin d’Amour dans Chacun fait (c’qui lui plaît), et sa signature funky déjà présente sur Maya Funk. Le chanteur Xavier Polycarpe de Gush et Macadam Crocodile pose sa voix sur les refrains tandis que Bolivard se charge des couplets, dans un échange homogène. C’est la recette parfaite pour oublier le cafard citadin avec une bonne pincée d’humour WTF.

Marin : Hello Bolivard. Ton profil est entièrement autodidacte ou t’as pris quelques cours de gratte ?

Bolivard : J’ai pris quelques cours de guitare pas longtemps, mais c’est en bidouillant des logiciels de musique sur ordi que j’ai tout appris. J’ai commencé sur Dance eJay 2+, un truc tout pété sur CD-ROM, puis j’empruntais le MacBook de mon grand frère pour utiliser GarageBand (rires). Maintenant je suis sur Reason et Ableton. Je vois vraiment ça comme du jeu vidéo, plus tu joues, plus tu gagnes en skills, et plus tu peux faire de nouvelles choses.

M. Tu cites souvent Darius, Pomo ou Flume comment références, mais quel est l’artiste ultime pour toi ?

B. On ne le dit jamais assez, mais quand Michael Jackson était produit par Quincy Jones, c’était quand même vachement bien. Sinon, je trouve Patrice Rushen aussi balèze que Nile Rodgers en terme de groove. Au-delà de la funk, je suis fan de Todd Terje, Hot Chip, Siriusmo, Jackson & His Computer Band, et plein d’autres trucs. J’ai fait des playlist sur Spotify où il y a tout dedans, si ça vous intéresse.

M. T’es à la fois multi-instrumentiste, producteur, graphiste, réalisateur et acteur de ton dernier clip. Tu me racontes comment ça se passe ?

B. Il y a une interview de David Lynch à qui on demandait de décrire ce qu’il faisait. Il répondait : « mon travail est de trouver des idées, et de les retranscrire sur un média ». Bon évidemment, je suis loin d’être David Lynch, mais j’ai la même définition que lui. Le choix de la discipline découle de l’idée de départ. Si j’ai une idée d’histoire à raconter, je vais me dire « est-ce que j’en fais une vidéo, une histoire écrite, une chanson ? ». Ça se fait dans ce sens-là.

M. Cette notion double est également présente dans ta tenue noire et blanche ?

B. En fait, le noir et le blanc, c’est surtout parce que je crée parfois de la musique simple, légère, joyeuse, et parfois des morceaux plus personnels, étranges ou expérimentaux. Les deux univers me viennent naturellement. Il y a une forme de discrimination envers les artistes qui font de la musique facile à écouter, comme s’ils étaient stupides et incapables de faire des trucs plus complexes et profonds. Je pense que beaucoup d’artistes grands publics sont capables de faire des œuvres « exigeantes », mais qu’ils sont limités par leur maison de disque, ou ils gardent ça pour eux. En apparaissant en noir et blanc, c’est une manière de dire que je peux sortir un jour un single pop avec un clip rigolo, et la semaine suivante un morceau d’électro expérimental avec une vidéo glitch art. J’ai envie de pouvoir faire les deux, sans me demander « Qu’est-ce que les gens vont penser de moi si je fais ça ? ».

M. T’évoques notre attirance pour l’auto-destruction dans Maya Funk, t’aimes aborder des sujets difficiles avec dérision ?

B. Quand j’ai composé Maya Funk, je trouvais amusant d’écrire des paroles sur la fin du monde avec une musique funky et de la flûte de pan. C’est un peu pour dire que ce n’est pas parce qu’on cherche à faire danser les gens, qu’on est un abruti qui ne pense pas à des sujets sérieux. Si on danse, c’est justement pour oublier les angoisses de la vie : ça me semble plus lié que ça n’y paraît.

M. C’était l’ambition dans ton nouveau single La Vie avec les petites galères quotidiennes ?

B. Le sujet de la chanson est de dédramatiser toutes ces merdes qui parsèment nos vies à tous. C’est assez répandu, mais, l’humour et le sarcasme m’aident à mieux vivre chaque jour, tout comme la création artistique. La Vie, c’est juste la fusion de ces deux armes anti-dépression.

M. Le morceau est présent sur la compil’ Tasty Tunes, t’entretiens quelle relation avec le label Cookie Records ?

B. Cookie Records a été créé par l’équipe d’un autre label, parmi lesquels Alexis Camous. C’est un peu le chef cuistot maintenant. On s’est connu il y a quelques années, quand il m’avait contacté pour une mixtape sur son blog de musique. Depuis on est devenu amis, on a joué ensemble dans des soirées, on a essayé d’en organiser, etc. Je devais simplement être sur la première compilation de Cookie Records, mais comme il savait que je faisais du graphisme, il m’a demandé de faire le logo, les pochettes et la direction artistique du label. Et voilà ! On a tous les deux un goût pour le disco et la funk, donc j’aime beaucoup l’ensemble de la compilation.

M. Qu’est-ce je peux te souhaiter de cool pour la suite ?

B. J’espère que La Vie plaira et parlera à des gens. C’est le premier single de mon EP qui va sortir sur Cookie Records. L’EP rassemble des morceaux très différents liés par une même histoire. Je travaille à ce qu’ils soient tous accompagnés d’un clip. Beaucoup de taf en perspective, souhaitez-moi bon courage.

À la prochaine pour l’EP ✌. Rejoignez Bolivard sur Facebook et sur Instagram.

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