fbpx
En cours de lecture
Entre voguing et dance music : c’est l’entretien Jour & Nuit d’Aluna

Entre voguing et dance music : c’est l’entretien Jour & Nuit d’Aluna

Guillemette Birkui

Aluna s’était envolée sans George avec son premier album solo Renaissance en 2020, mais c’est à Paris que l’on a retrouvé la chanteuse londonienne en tant que DJ avec Kiddy Smile et les Picard Brothers. Elle nous confesse dans les boudoirs branchés du Silencio à quoi doit-on s’attendre pour 2022.

Il était une fois, une invitation pour découvrir « Aluna & Friends » le temps d’une soirée au Silencio. Ni une ni deux, on enfile nos plus beaux costumes pour une nuit qui promet d’être mouvementée. Sur un set de Kiddy Smile, on arrive et les basses résonnent déjà, quelques danseurs délivrent une performance sur la piste. On doit réfréner notre envie soudaine de montrer nos meilleurs pas sur le côté et nos jetés de bras en l’air car, tout de même, on ne fait pas attendre l’hôtesse de la soirée.

Récemment créatrice du festival Noir Fever à la Nouvelle-Orléans, organisé en faveur de la cause noire le 27 mai 2022, l’artiste londonienne était de passage à Paris pour un enregistrement (plus si) secret. Aluna nous confie en exclusivité écrire son nouvel album à Paris avec la participation de nombreux guests français tels que Breakbot et Kiddy Smile.

Touchée par les causes sociétales, envieuse d’une société sans jugement et qui danse jusqu’au bout de la nuit, la productrice nous a expliqué ses états d’âmes juste avant et juste après son DJ Set.

Guillemette : Salut Aluna ! Tu es arrivée au Silencio tout à l’heure, comment s’annonce l’ambiance de la soirée ?

Aluna : En arrivant à l’extérieur du club j’avais peur qu’il y ait une sorte d’ambiance un peu spéciale, alors qu’en réalité la première chose que j’ai découverte en entrant c’est qu’il n’y a aucune pression venant du regard des autres. Quand je suis arrivée Kiddy Smile jouait déjà et il y avait des gens qui dansaient en utilisant l’espace à leur manière, pour s’exprimer comme ils le souhaitaient. J’ai l’impression que l’ambiance sera que chacun.e danse comme ielle l’entend.

G. : Et toi, quelles émotions ressens-tu avant ton DJ set ?

A. : J’ai été très bien accueillie, donc je me sens comme chez moi. Je suis vraiment excitée de ce qu’il va se passer.

G.  : Est ce que tu as un rituel avant de monter sur scène ?

A. : Je médite, c’est tellement utile pour se recharger rapidement en énergie. C’est aussi pour mes nerfs parce que je deviens très stressée quand je dois mixer. Comme de base je suis chanteuse, et non pas une DJ traditionnelle, je ressens une pression énorme pour cette forme d‘art que je respecte. Mais au moment où je te parle, je suis détendue.

G. : Ce soir il y a les Picard Brothers et Kiddy Smile qui jouent, pourquoi avoir choisi ces invités pour cette soirée ?

A. : Je savais que ça allait être drôle parce que j’avais déjà travaillé avec eux en venant à Paris. Je n’avais pas encore rencontré « pour de vrai » Kiddy Smile et j’ai aimé le fait que notre première rencontre soit pour mixer et faire la fête ensemble. Pour les Picard Brothers je ne les ai pas vu depuis un moment, donc j’ai pensé que ce serait drôle que ce soir, pour nos retrouvailles, on joue les démos que nous avons créées ensemble.

G. : Oh d’accord, il y a du contenu exclusif en prévision ! Qu’est ce que c’est que ça fait d’être l’hôtesse de la soirée ?

A. : Oh my god, déjà aujourd’hui est un jour très important pour moi parce que j’ai aussi annoncé ma participation à un festival à la Nouvelle-Orléans, qui est un festival consacré à la culture noire. Donc c’est parfait, parce que ça me permet de faire la fête même si je suis loin de chez moi. Autrement, j’aime l’idée d’être une hôte qui partage de l’amour et de l’affection à ses invités. Je veux créer un espace où les gens se sentent en sécurité et qu’ils passent une nuit où ils se sentent complètement bien dans leur peau.

G. : C’est une super motivation. Pourquoi as- tu choisi d’organiser cette fête ici ?

A. : Paris et la France m’ont toujours soutenu dans ma musique, mais j’ai l’impression de n’avoir jamais organisé d’événement d’intimiste jusque-là. J’aime l’idée de pouvoir regarder mon public dans les yeux, parce que ça semble plus réel. Ça me donne un aperçu du vrai Paris.

G. : C’est vrai que ce soir tu vis une super expérience de la capitale. Quelle est la raison première de cet événement ?

A. : Je suis ici pour écrire mon prochain album. J’explore différents styles de musique pour danser. Les parisiens ont l’oreille musicale et m’apparaissent comme un public sensible à la musique de haute qualité, alors je veux voir si je peux rassembler tous ces sons différents dans un seul lieu et les faire bouger.

G. : C’est vraiment courageux de faire ça (rires).

A. : Le mélange culturel à Paris est quelque chose de vraiment unique et je pense que c’est vraiment important de venir y jouer parce que ça m’aide à grandir musicalement. Je n’ai pas peur d’être en avance sur mon temps, je n’ai pas peur de faire des choses futuristes, mais aujourd’hui je souhaite revenir aux origines de la Dance Music. Ce genre a commencé dans les clubs avec les communautés noires et LGBTQIA+. J’essaie de revenir à cette musique de protestation, de liberté et d’unité. Il s’agit de montrer comment les noir.e.s ont créé différents types de Dance Music. Tous ces genres peuvent évoluer dans le même espace et je veux le refléter dans les festivals du monde entier, c’est ma mission.

Aluna sous l’objectif de Breyona Holt, artiste originaire d’Atlanta très active sur Instagram avec son compte Exquisite Eyes

Après le set d’Aluna, la soirée se poursuit, la musique bat toujours son plein et les danseur.se.s sont déchainé.es. Les Picards Brothers prennent la relève tandis qu’on se faufile vers les loges du Silencio pour continuer notre discussion.

Guillemette : Tu m’as dit avant ton concert que tu voulais que tout le monde se sente à l’aise et dans une « safe place. » Mission accomplie ?

Aluna : Avant de monter sur scène, je suis devenue nerveuse à propos de la musique que j’allais jouer comme c’était beaucoup de musiques du monde entier, africaines, brésiliennes, que les gens ne connaissent pas vraiment. Au final je me suis dit que je devais quand même faire ce que j’avais planifié et j’ai vraiment été surprise. Le public était si ouvert d’esprit que tout le monde pouvait révéler sa personnalité librement. Ils ont dansé comme des fous, avec du voguing, avec une attitude sexy. Certaines personnes faisaient de la danse vraiment expérimentale, comme s’ils étaient possédés (rires). À la fin, pour les récompenser, j’ai joué quelque chose qu’ils connaissaient bien (rires) .

G. : Tu m’as dit que la scène parisienne a l’oreille sélective, est-ce que tu as réussi à correspondre à leurs attentes ?

A. : Oui, tout le monde est resté ! Ils sont venus pour danser et ne sont pas allés boire un seul verre, alors que je suis sûre qu’ils avaient vraiment soif (rires).

G. : Tu as joué ton ancien tube You Know You Like It, est-ce que cette chanson représente quelque chose de particulier pour toi ?

A. : C’est une chanson qui a été écrite sur la libération, donc j’aime toujours la jouer parce que tout le monde a besoin de se libérer de sa vie quotidienne, du conservatisme ou du conformisme. Nous avons besoin de nous rappeler d’être nous-mêmes et c’est ce dont parle cette chanson.

G/ : Est-ce que tu as pu profiter des autres performances ?

A. : Oui, j’ai vu que Kiddy a aussi exploré beaucoup de genres dans son set, ce qui m’a donné la confiance nécessaire pour le faire. Le public était chaud, je me disais que j’allais le laisser jouer plus longtemps parce que la salle était en ébullition mais au final il m’a fait une transition très smooth (rires).

G. :  Quel est ton programme ensuite ?

A. : Le plan est de finir ce voyage d’écriture à Paris. Je vais écrire avec Kiddy Smile demain, je vais aussi travailler avec Breakbot. Ça va être des moments amusants.

G. :  Est-ce que tu as une date limite en tête pour sortir ce prochain album ?

A. : Non pas vraiment, j’ai l’impression qu’après ce voyage en France on aura déjà beaucoup de musique mais je ne me mets pas de pression sur la date de sortie. Si on a besoin d’écrire un peu plus, peut-être que je me mettrais une deadline, mais je suis convaincue qu’on a tout ce qu’il faut. J’ai vraiment hâte.

G. : Quels conseils te donnerais-tu pour ton prochain concert ?

A. : De suivre mon cœur et de ne pas croire que les gens ne veulent pas entendre ce que j’apporte sur le dancefloor. Ils ne veulent pas nécessairement entendre la même chose que ce qu’ils ont toujours entendu. Je dois croire en ma « dancemata », même si ce n’est pas un vrai mot (rires).

© 2023 Arty Magazine. Tous droits réservés.

Retourner au sommet