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Home Ciné #13 : « L’Échelle de Jacob », le chef d’œuvre méconnu d’Adrian Lyne

Home Ciné #13 : « L’Échelle de Jacob », le chef d’œuvre méconnu d’Adrian Lyne

Damien D. Richard

Le confinement est terminé, mais les salles de cinéma toujours fermées. Qu’à cela ne tienne, Arty continue de te proposer ses Home Ciné, un lieu convivial où nos rédacteurs et journalistes présentent leurs films préférés. Ceux qu’ils ont vu à 6 ans, ceux qu’ils ont découvert suite à leur première rupture amoureuse, ceux qu’ils dévorent avec un paquet de chips chaque dimanche soir depuis dix ans… Bref, tous ces films de leur vie qu’ils souhaiteraient te faire découvrir, là, maintenant.

Aujourd’hui, Damien nous présente L’Échelle de Jacob, de Adrian Lyne, 1990.

Le scénariste et co-producteur du film, Bruce Joel Rubin, a commencé à travailler sur L’Échelle de Jacob en 1980, marqué par un cauchemar où il se voyait enfermé dans une station de métro

Considéré par beaucoup comme un film d’épouvante tandis que d’autres y verraient plutôt un drame psychologique, voire un plaidoyer politique, un aspect du projet met rétrospectivement tout le monde d’accord : rarement les codes du fantastique n’ont été aussi bien exploités au cinéma.

Qui es-tu, Jacob Singer ?

L’Échelle de Jacob est une de ces pépites qu’il faut voir au moins une fois dans sa vie. Ce film, probablement le plus personnel d’Adrian Lyne (connu principalement pour ses thrillers torrides des années 80 et 90), dépeint la vie de Jacob Singer, ancien vétéran du Viêt-Nam rapatrié après une blessure grave, qui tente de reprendre une vie normale malgré ses traumatismes de guerre… Malheureusement pour le pauvre homme, un flot constant d’hallucinations aussi absurdes que terrifiantes semble le poursuivre pour mettre un terme à ses jours. Un climat d’angoisse profonde qui plongera progressivement Jacob dans une paranoïa aiguë.

Et c’est là que le film excelle : en adoptant le point de vue du personnage, le spectateur est assujetti à la folie croissante de Jacob et l’accompagne constamment dans ses réflexions : ces visions sont-elles réelles ou non ? Est-il traumatisé ? Fou ? Cherche-t-on vraiment à lui faire du mal ? Est-ce l’armée ? Le diable ? Mais pourquoi ? Que se passe-t-il donc, enfin ?!

Le titre du film fait référence au passage biblique de « l’échelle de Jacob », un rêve du lieu faisant le lien entre le Paradis et la Terre (Genèse 28:12). Son titre alternatif, moins connu, est Dante’s Inferno, en référence à l’Enfer de Dante Alighieri

Une mise en images labyrinthique d’un scénario haletant

C’est là, aussi, tout le brio d’un film qui joue avec les perceptions du spectateur en manipulant parfaitement les conventions filmiques. Ainsi, le temps et l’espace deviennent un dédale métaphysique : à l’instar de Jacob, nous tentons de déconstruire le puzzle du scénario et de le comprendre. La bonne nouvelle, c’est que ce dernier est tellement haletant qu’il réussira à nous maintenir dans le flou jusqu’à la toute fin. Un tour de force magistral qui, malgré ses multiples facettes et niveaux de lecture, reste d’une fluidité et d’une cohérence exemplaire.

Si, le scénario est, comme tu l’as compris, un cas d’école, graphiquement le film n’est pas en reste non plus. Inspiré des peintures de Francis Bacon pour retranscrire une atmosphère anxiogène qui suinte l’oppression, L’Échelle de Jacob est une icône discrète de la pop culture qui a influencée d’autres œuvres, comme la série de jeu vidéos Silent Hill (si tu n’as pas froid aux yeux, on te la recommande chaudement), ou plus récemment la série télévisée American Horror Story : Asylum.

L’ÉCHELLE DE JACOB
Réalisé par Adrian Lyne
Avec Tim Robbins, Elizabeth Peña, Danny Aiello
Actuellement disponible sur Canal VOD, Orange

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