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Buzzy Lee, l’alter ego musical de Sasha Spielberg

Buzzy Lee, l’alter ego musical de Sasha Spielberg

Luis Jachmann
Sasha Spielberg est une actrice célèbre, mais elle aime aussi se glisser dans un rôle loin des plateaux de tournage : celui de chanteuse, sous le nom de Buzzy Lee. Il y a huit ans, elle a sorti son premier EP.

Après le succès de son single Close Encounters of Their Own Kind, qu’elle a enregistré avec le pianiste de Brian Adams, Tommy Mandel, la fille du plus grand réalisateur américain vient de sortir son LP intitulé Spoiled Love. Ce qui unit les neuf chansons : une mélodie au piano associée à sa voix claire et brillante. En plus de certaines ballades, Buzzy Lee s’essaie à différentes expérimentations – avec des changements d’humeur, de tempo brusque et des sons atmosphériques comme les tubes What a Man has done et Circles.

Depuis Los Angeles, Buzzy Lee nous a confié de quelle boisson chaude elle ne pouvait se passer pour écrire, comment elle s’inspirait de ses relations dans ses chansons, et quel rôle son frère Theo jouait dans sa carrière.

Luis : Salut Buzzy Lee. À quel moment dans ta vie as-tu pensé que ce serait génial de lancer un projet de musique ?

Buzzy Lee : À huit ans, j’ai commencé à écrire mes propres chansons. J’ai pris des cours de piano et ça m’a ennuyée. C’était plus amusant pour moi de composer des chansons. Un jour, j’ai chanté sur scène. C’était tellement bouleversant, j’en tremblais. Ma voix tremblait, alors je me suis dit que si je ne pouvais pas la maîtriser, ce n’était probablement pas une carrière pour moi. J’ai donc commencé à devenir comédienne. Et puis j’ai tiré profit de l’expérience des comédies musicales comme moyen de travailler ma voix. J’avais de plus en plus confiance en ma voix et, à l’université, j’ai rejoint un groupe. C’était un duo. Et puis j’ai commencé à écrire de la musique avec mon frère, ce qui était une expérience inédite pour nous deux.

L. : Es-tu toujours nerveuse sur scène aujourd’hui ?

B.L. : J’ai l’impression que je suis plus nerveuse quand je chante devant des gens que j’aime. Donc des membres de ma famille ou des amis. C’est peut-être à ce moment-là que j’ai à nouveau le trac.

L. : Quels sont tes groupes préférés qui t’inspirent ?

B.L. : C’est difficile parce qu’on est de cette génération qui a grandi avec un Ipod. Je trouve que mes goûts sont très éclectiques. La musique qui m’inspire va du classique au rock. C’est vraiment varié. J’aime Alice Coltrane, j’aime Kate Bush. C’est tellement drôle. On me pose tout le temps cette question, il faudrait que je fasse une liste que je pourrais prendre à chaque fois qu’on me la pose. Je peux te dire quels artistes j’ai aimé à chaque classe. J’ai aimé Led Zeppelin en cinquième, par exemple. En neuvième, mon frère écoutait The Strokes. Cela m’a donc ouvert le monde de la musique indie.

L. : Tu écoutais aussi de la musique française ?

B.L. : J’aime Erik Satie mais j’ai aussi grandi avec la musique pop. J’aime Angèle même si je sais qu’elle vient de Belgique. Vraiment, je l’adore. Sa voix est très enfantine. C’est un peu comme une adulte qui chante avec une qualité d’enfant. J’aime ce qui est enfantin. C’est tellement français pour moi. J’adore ça.

Buzzy Lee au Pitchfork Avant-Garde en 2018 © Cédric Oberlin
L. : Ton album Spoiled Love est sorti le 29 janvier. Ta voix y est vraiment intégrée aux sons du piano. Comment est-ce que je pourrais imaginer la manière dont tu écris tes chansons ? Tu t’assoies à ton piano en fin de soirée avec un verre de vin et tu commences à composer ?

B.L. : C’est à peu près ça mais sans le vin. Je me sers plutôt une tasse de thé. Je suis assise au piano, il n’y a que moi et lui. Je commence juste à jouer et à enregistrer. Les chansons que j’écris sont toujours basées sur mon premier ressenti instinctif. De cette manière, chaque chanson que tu entends sur le disque est toujours la première mélodie que j’ai composée. Je fais aussi des démos avec ma boîte à rythmes et mon synthétiseur pour qu’il y ait des effets sur ma voix. Chaque chanson commence par le piano.

L. : Tu chantes sur l’une de tes chansons : « Et si je n’avais pas fixé les règles ». Qu’est-ce que cela dit de toi ?

B.L. : J’ai du mal avec les limites et quand je les exprime, j’ai tellement peur de perdre quelqu’un. C’est ce que je trouve dans la vie. Je trouve aussi cela dans le travail et avec mes amis. J’ai peur de perdre la personne qui se trouve à mes côtés.

L. : Je suppose que tu ne voyages plus autant en ce moment. Mais est-ce qu’une ville en particulier t’a inspirée la chanson Strange town ?

B.L. : J’ai d’abord écrit la mélodie en pensant à un film de genre western. J’ai d’abord écrit ça et ensuite c’est devenu ce que c’est maintenant. C’est un rêve, mais il est basé sur un endroit réel en Californie du Nord. Cette ville est entourée d’une rivière, d’une forêt et de l’océan. C’est une sorte de ville perdue. Personne n’y va.

L. : Sur What a man has done, le style diffère de tes autres chansons. Quel est le message de cette chanson en particulier ?

B.L. : Dans les relations amoureuses avec quelqu’un, je sais que ce n’est pas moi, mais c’est si facile pour moi de dire : « C’est eux qui ont tort, j’ai raison ». Cette chanson parle en réalité de mon rôle dans cette danse. À l’époque, je sortais avec quelqu’un qui était vraiment accro aux hauts et aux bas de la relation. C’était très instable. Et quand c’était bien, c’était tellement bien. Et quand c’était mauvais, c’était vraiment mauvais. Alors, ça faisait du bien de se sentir très bien. Chaque fois que l’on a rompu dans cette relation, je lui en ai voulu. J’ai eu quelques relations toxiques. Mais la chanson parle en fait d’assumer ce que je leur ai fait. C’est l’instinct initial de vouloir les blâmer.

L. : J’en déduis que tes chansons parlent toujours de tes propres expériences ?

B.L. : Malheureusement, cela ressemble presque à une autobiographie. J’ai commencé à écrire des chansons sur d’autres personnes mais je n’y arrive pas vraiment.

L. : Tu fais de la musique depuis quelques années, notamment avec ton frère Theo avec qui tu as joué dans un groupe. Tu as aussi une grande famille avec plusieurs frères et sœurs. Est-ce qu’ils mènent autant de projets artistiques que toi ?

B.L. : Ils sont tous très actifs. Beaucoup d’entre eux sont acteurs. Théo et moi sommes les seuls à graviter dans la musique.

Sasha et Théo Spielberg ont fondé le groupe Wardell
L. : Est-ce un avantage ou parfois un inconvénient de porter le nom de « Spielberg » ?

B.L. : C’est un nom tellement omniprésent. C’est comme si quelqu’un appelait son groupe Obama. Tu sais qu’il y a une autre star de Youtube qui s’appelle Sasha Spielberg ? Je suis un peu frileuse avec mon vrai nom. J’ai voulu créer un nom de scène avec Buzzy Lee qui n’ait rien à voir avec mon nom de famille.

L. : Est-ce que ce serait une pensée maladroite ou un beau rêve de chanter un jour sur la B.O. d’un film où tu joues ?

B.L. : J’adorerais composer pour le cinéma. En fait, j’ai eu cette idée pour ma chanson Strange town. Nous allons voir si je peux tout combiner.

L. : Avant de se quitter, je te pose notre question signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un/e artiste ?

B.L. : Oh, un artiste est quelqu’un qui sait exactement comment illustrer des sentiments conceptuels. Il est maître de cela, maître de l’expression. Il a la capacité à raconter une histoire de façon vivante. Il s’agit de narration. C’est une grande question – une chose à laquelle il faudrait réfléchir plus longtemps.

Spoiled Love de Buzzy Lee est disponible sur Spotify.

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