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Lilly Wood and the Prick : « Partir en tournée, c’est comme rentrer à la maison »

Lilly Wood and the Prick : « Partir en tournée, c’est comme rentrer à la maison »

Luis Jachmann

Après une pause de plus de six ans, le duo Lilly Wood and the Prick est de retour avec son quatrième LP Most Anything, un album plein de souvenirs et de bonne humeur.

Distanciation oblige, on est entré en contact avec le duo formé par Nili Hadida et Benjamin Cotto par appel vidéo : Benjamin depuis son chic appartement parisien, décoré de grandes et nombreuses plantes, et Nili depuis sa maison de campagne, vêtue de son maillot rouge du Paris Saint-Germain. Même en tournée, elle aime s’afficher comme une fan du PSG et a déjà dû essuyer quelques remarques acerbes, entre autres en Allemagne.

Les deux partiront retourneront bientôt sur les routes pour leur nouvel album – en France, en Belgique, en Suisse et si possible en Allemagne… Les fans y sont, paraît-il, très peu rancuniers.

Luis : Bonjour Nili et Benjamin ! Il paraît que vous vous êtes rencontrés il y a exactement quinze ans à Paris, dans un café. Cela vous semble une éternité ou comme si c’était hier ?

Nili : Plutôt comme si c’était hier pour ma part.

 

Benjamin : Oui, c’est vrai. Je n’ai pas changé, Nili. Non, c’est un peu les deux.

 

Nili : Le temps passe de plus en plus vite pour tout le monde en vieillissant.

L. : Vous êtes de retour six ans après votre dernier album Shadows. Qu’avez-vous fait pendant ce temps ?

N. : On avait besoin de digérer tout ce qu’il nous est arrivé, le fait d’avoir été sur la route pendant dix ans, d’avoir eu beaucoup de succès. Cette pause était très bénéfique parce qu’elle nous a permis de nous construire l’un sans l’autre, et certainement pour mieux se retrouver.

 

B. : C’était nécessaire de vivre par soi-même un peu. Pendant dix ans, on était tous les deux à grandir ensemble, à être en tournée, à faire des albums. Parfois c’est mieux de se quitter pour mieux se retrouver.

L. : Vous avez commencé votre 4ème album il y a deux ans, en Vendée. Pourquoi là-bas ?

B. : L’idée, c’était de se retrouver sur un terrain neutre où on pouvait construire quelque chose de nouveau ensemble. Créer un univers à nous deux. Dès qu’on a écrit la première chanson dans la maison de campagne de Nili, on s’est dit que ça pourrait être cool de partir quelque part pour continuer, parce qu’on avait trouvé des sensations. Ce studio là-bas était super. C’est important de créer un univers pour écrire un album, je trouve.

L. : Vous avez quand même pris des pauses pendant ces jours de composition en Vendée ?

N. : On a beaucoup réfléchi. Plusieurs fois par jour.

 

B. : On a quand même beaucoup travaillé.

 

N. : Mais on n’était pas dans un mood militaire. Il ne faut jamais forcer non plus. On a bossé tous les jours mais on n’a pas fait « from 9 to 5 ».

L. : Et pendant ces jours intenses, vous vous êtes parfois tapés sur les nerfs ?

N. : Pas du tout.

 

B. : Toujours au début, jamais à la fin. Non, en vrai non.

 

N. : Cela faisait six ans qu’on n’avait plus bossé ensemble. Heureusement, on ne s’est pas engueulé dès les deux premières semaines.

 

B. : Il fallait se retrouver.

« Cela faisait six ans qu’on n’avait plus bossé ensemble. Heureusement, on ne s’est pas engueulé dès les deux premières semaines. »
L. : Quelle nouvelle touche musicale apporte l’album Most Anything – en quoi diffère-t-il de ce que vous avez produit auparavant ?

B. : On a écouté beaucoup de choses pendant les six dernières années. On s’est un peu baladé dès qu’on a commencé à composer : et puis d’un coup on a essayé quelque chose d’un peu plus rythmé et plus moderne. C’est normal !  On a cherché plein de choses partout.

 

N. : J’espère qu’on est un groupe qui évolue parce que si on fait toujours la même chose et si on ne se réinvente pas, ce n’est pas très intéressant ! Par contre, je trouve que cet album ressemble beaucoup à nos deux premiers albums. Dans plein d’influences diverses. Je trouve qu’on a renoué un peu avec ce qu’on faisait au début. Et après, on s’est donné une règle avec Benjamin : c’était de finaliser l’écriture d’un morceau jusqu’au fond, de ne rien laisser au hasard, avant de commencer la production, ce qu’on n’avait pas fait sur le précédent album. C’était une autre expérience musicale.

L. : En écoutant votre musique, on remarque non seulement les nombreuses influences, mais aussi le croisement entre l’électronique et de la musique acoustique. Qu’est-ce qui vient en premier lorsqu’on écrit une chanson ?

B. : C’est difficile à dire. Par contre ce qui n’a jamais changé, c’est que quand on est ensemble avec une grille d’accords de guitare, Nili va me dire tout de suite : soit ça me plait, soit c’est non. Quand c’est non, on n’y va pas. On ne va pas tourner autour d’un truc en disant : bon, c’est pas mal.

L. : L’album contient des ballades, des hymnes pop, de la musique de clubbing/dancefloor et de la musique rock. Étiez-vous d’humeur différente pour écrire chaque chanson ?

N. : Quand on écrit une chanson, elle est marquée en fonction de comment on se sent à ce moment-là. Les chansons sont beaucoup liées à nos histoires personnelles et au mood. Donc c’est bien que l’on change beaucoup de mood.

L. : Avec Prayer in C, vous avez connu le plus grand succès commercial de votre carrière. Était-il important pour vous de vous éloigner de cela sur votre nouvel album, d’emprunter de nouvelles voies, tant sur le plan musical que lyrique ?

N. : Prayer in C, ça fait partie de notre histoire et d’ailleurs, c’est grâce à cela qu’on a pu faire plein de choses, qu’on a pu voyager. Là, on écrit la suite de notre histoire. La suite est ni en réaction ni en opposition à ce qui s’est passé avant.

L. : Donc la suite est simplement organique ?

B. : Prayer in C, c’est comme un enfant qui n’a pas été prévu mais on l’emmène maintenant avec nous. Ce morceau est arrivé dix ans après qu’il ait été écrit. On n’a pas cherché à faire autre chose. On fait ce qu’on veut faire. On a juste continué à évoluer.

« Prayer in C, c’est comme un enfant qui n’a pas été prévu mais on l’emmène maintenant avec nous. »
L. : Dans la chanson You Want My Money, vous abordez notre société de consommation. Le clip avec des poussins dans des cages et un distributeur ATM sont des symboliques fortes. La consommation fait-elle partie de notre monde ou devons-nous y résister ?

N. : On n’a pas la prétention de donner une réponse dogmatique vis-à-vis de la consommation. Par contre, ce morceau est un commentaire sur le fait qu’on se sent un peu piégé parce qu’on est culpabilisé parce qu’on consomme trop ou mal. J’ai un peu l’impression d’être un rat de laboratoire et je pense qu’à travers ce morceau, on prend un peu le contrôle en se fichant de notre tête.

L. : Sur votre album il y a aussi beaucoup de morceaux qui laissent rêver à un avenir insouciant. In Love for the Last Time fait partie de ces chansons, n’est-ce pas ?

N. : Oui, tout à fait !

 

B. : Ces morceaux me font penser à nos débuts. Je me souviens de Nili et moi sur un scooter il y a dix ans. Une amitié s’était mise en route à ce moment-là et ce morceau y fait penser.

L. : Une autre chanson qui parle d’amour est Love to Give. À qui avez-vous de l’amour à donner ?

N. : Moi, aux animaux. À quelques individus aussi – mais vraiment triés sur le volet. Pour l’instant c’est tout.

 

B. : J’espère que je fais partie de ces individus !

L. : Les deux chansons I am Lost et Lonely Life sont plus réfléchies et autocritiques, comme dans les lignes : « Is there a way you can forgive all I’ve done now » ? De quoi parlent ces chansons ?

N. : Il y a plusieurs allusions religieuses dans ce morceau. J’avais envie de jouer sur la relation qu’on peut avoir à sa spiritualité et faire un parallèle avec une relation qu’on peut avoir quand tu es amoureuse de quelqu’un.

« Prayer in C, c’est comme un enfant qui n’a pas été prévu mais on l’emmène maintenant avec nous. »
L. : Vous n’êtes pas complètement seuls sur scène. Lors des concerts, votre duo est toujours devenu un groupe avec plusieurs membres. En sera-t-il de même lors de votre prochaine tournée ?

N. : On a pris exactement la même équipe.

L. : Et où allez-vous jouer ?

N. : On a une tournée en septembre et on va jouer quasiment partout en France. Et aussi en Suisse et en Belgique. Et on s’arrête à Paris, on joue à l’Olympia le 7 décembre. On a hâte de partir parce que finalement, partir en tournée c’est un peu comme rentrer à la maison.

 

B. : Ça fait totalement partie d’un album, d’être sur scène. La tournée, c’est notre ADN.

L. : Et comme c’est la tradition chez Arty Magazine, quelle est votre définition d’un.e artiste ?

N. : C’est quelqu’un qui sait bien raconter des histoires.

 

B. : C’est quelqu’un qui fait le pont entre ce que beaucoup de gens peuvent ressentir, à travers un média, une chanson, une peinture. C’est mettre en image les sentiments.

Most Anything est disponible sur Spotify.

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