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FORM : « Il était important de parler de choses qui nous tiennent à cœur »

FORM : « Il était important de parler de choses qui nous tiennent à cœur »

Marin Woisard

Membres de l’écurie Nowadays Records, le trio FORM sort aujourd’hui son mini-album C.W.T (It Comes with the Territory) qui part chasser sur les platebandes de Jordan Rakei et Jungle… Avec une patte, elle, bien française.

La présentation Instagram du groupe plante le décor : « 3 corps, 1 âme ». À ceux qui pensaient que la poésie avait disparu avec les réseaux sociaux, le trio FORM travaille une musicalité versant dans les grands sentiments, twistant une formule voix / électronique qui atteint une grande mysticité.

Après leur premier EP Underwater sorti en novembre 2017, l’ensemble parisien mené par la voix imposante de Hausmane Jamaleddine, les claviers lancinants d’Adrien Vincent et les percussions omniprésentes d’Aksel Bahouche, a pour seul objectif de nous emporter d’émotions. Leur second opus C.W.T (It Comes with the Territory) compte sept morceaux et autant d’oscillations intérieures.

L’électro-soul à la française

Dans la veine électro-soul de James Blake, Jungle et Jordan Rakei, le groupe revendique de grands pères spirituels, mais leurs morceaux n’ont aucun semblable. Les trois copains parlent avec sincérité de notre époque en transformant l’ordinaire en épique, et l’intime en grandiose. Leur intensité mélodique rend surmontable leurs récits d’épreuve, à l’image de Trigger, où la chorégraphie du clip réalisé par Yanis et Mehdi Hamnane permet d’échapper au drame qui semble inévitable.

Marin : Hello Hausmane. Le mini-album C.W.T (It Comes with the Territory) me rappelle par son nom et ses sonorités un célèbre morceau de The Blaze. Quelles sont les influences de FORM ?

Hausmane (FORM) : On voit ce tu veux dire pour le nom, mais ce n’était pas un clin d’œil à The Blaze… Promis (rires) ! Bien que l’on respecte énormément ce que fait The Blaze, on ne pense pas qu’ils soient une source d’inspiration directe. Tu n’es pas le seul à nous le dire, cela dit. Nos influences sont variées : évidemment Radiohead, James Blake, Jungle, beaucoup d’artistes anglais… Des producteurs à la Moderat et Modselektor, Floating Points… Je m’inspire pour ma part beaucoup de la soul ou du blues pour le travail de la voix.

M. : J’ai découvert votre EP avec le single Trigger, qui se traduit littéralement par « détente ». De quoi s’agit-il, ici ?

H. : Trigger c’est la détente d’un gun qu’on compare à un déclic mental. Ce moment d’explosion où la soif de liberté prend le dessus, et que plus rien ne compte à part son propre bien-être, quelque part. Agir sans pouvoir revenir en arrière. La liberté d’une oppression, donc. Qui peut venir de tellement de choses différentes, c’est pourquoi il était important pour nous de l’imager avec deux situations bien distinctes dans notre clip. On pense que chacun peut se l’approprier, en tout cas on espère.

M. : Le second titre qui m’a marqué s’appelle Mirrors. Que voulais-tu raconter à travers ce morceau incisif ?

H. : Mirrors c’était, comme son nom l’indique, un peu un reflet de soi, comme si je m’imposais à moi-même une leçon au moment où je l’ai écrit. Quand je suis arrivé ce jour-là, Adrien avait composé le beat du début, Aksel y a calé ensuite des percussions. Ces sons m’ont inspiré quelque chose de dur, et il nous a semblé intéressant de parler de ce phénomène.

 

En fait, c’est la manière que l’on a de tendre vers quelque chose de très personnel en passant à côté de moments de vie, bloqués sur nos écrans, ou notre reflet dans le miroir. On l’applique aussi à nous, hein. L’instrumental accompagne le message et grandit avec, par cette basse vrombissante et ce synthé qui se libèrent sur les refrains. La fin vient « briser le mur » comme on le chante dans les paroles, c’est une happy end, en fait.

M. : Tes textes parlent plus généralement des épreuves de notre génération avec une certaine dose de sensualité. C’était important d’engager C.W.T. sur ce terrain ?

H. : Oui, on est d’une génération tellement forte par son combat constant : les « traditions » à garder ou à rejeter, les nouveautés et avancées technologiques à garder ou à rejeter. C’est inspirant de voir comment on y réagit. Il en ressort une sorte de remise en question constante. En tout cas, il était important que l’album parle de choses qui nous tiennent à cœur, évidemment. J’avoue que sur les paroles, j’aime à penser que j’ai laissé parler mon « inconscient ».

 

Des mots me venaient, selon ce que l’on créait musicalement, je me laissais aller, je venais ensuite analyser, y mettre une forme. C’est important pour nous de raconter des choses auxquelles les gens peuvent s’identifier. Selon l’histoire propre à chacun, le scénario sera différent, mais les conséquences peuvent être les mêmes. Certains textes me paraissaient très personnels en les écrivant, mais j’arrivais à les appliquer à des choses qu’ont vécu Aksel et Adrien.

M. : Vous vous êtes entourés de collaborateurs prestigieux comme La Chica, Mr. J. Medeiros et Elbi. Il paraît que la rencontre avec cette dernière a été marquante ?

H. : On a rencontré Elbi au cours d’une soirée organisée au Pavillon Puebla où l’on faisait un DJ set – oui, on en fait parfois. Elle était en live. Alors on s’est bien entendu, certes, mais elle nous a surtout mis une belle claque sur sa prestation. On a vraiment adoré. En rentrant, on a écouté ce qu’elle faisait, plus en profondeur, je crois qu’elle a fait pareil pour nous. On s’est ensuite contacté pour collaborer, elle est passée à l’endroit dans lequel on composait à l’époque, dans le 95. Et ça a été le feat rêvé, tu sais ? Une après-midi, des rires, du sérieux, une fin de session happy parce qu’on avait produit un titre entier qui nous plaisait : Drifting. Depuis, on ne se quitte plus trop, c’est une chanteuse et productrice incroyable, qui est également une coach scénique folle. Elle nous a aidés sur plusieurs résidences. Et puis c’est surtout une grande amie, maintenant. Love à Elbi.

M. : On va bientôt se quitter. Maintenant que C.W.T. est sorti, quel serait ton accomplissement ultime ?

H. : Un featuring avec James Blake ? Ou avec Thom Yorke…

M. Ma dernière question est la signature chez Arty Magazine. Quelle est ta définition d’un artiste ?

H. : Mmmh, ce n’est pas si simple… Comme ça, on dirait un peu naïvement qu’il s’agit de création. Si tu crées quelque chose qui te ressemble, ou pas d’ailleurs, quelque chose qui transporte des émotions, ou même un simple message.

RELEASE PARTY DE FORM
Mardi 10 décembre de 20H à 23H
Au Point Éphémère, 200 quai de Valmy, 75010 Paris
Événement Facebook 
Le mini album C.W.T. est dispo sur Spotify.

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