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EXCLU : Genoux Vener envoie tout valser avec « Grand cœur de pierre »

EXCLU : Genoux Vener envoie tout valser avec « Grand cœur de pierre »

Marin Woisard

Chorégraphie rythmée et tenues colorées, le groupe électro-pop Genoux Vener nous donne un kick d’ultra-douceur avec son nouveau clip Grand cœur de pierre, réalisé par Randolph Lungela.

Genoux Vener, c’est l’articulation au féminin de Chloé Crozat et Pauline Bie. Avant même d’avoir entendu les premières notes de leur projet, c’est leur nom de scène qui déroute, avec cette raideur au premier abord qui se dénoue ensuite en verlan. Genoux Vener passe par l’envers pour remettre les choses à l’endroit. Il y a aussi l’amour du pas de côté, essentiel pour que la poésie puisse trouver une fenêtre où passer, dans un quotidien jalonné de mots vus et revus. Leurs titres prônent cette mise en relief par un décalage inattendu ; Voyage ruelle, Le fond des verres et bien sûr Grand cœur de pierre.

Écouter la pop de Genoux Vener, c’est comme se prendre une fraise tagada dans la tête : la finalité est douce et sucrée, mais l’envoi est direct et désinvolte.

Un groupe né sous une bonne étoile

Les essayeuses de lettres modernes s’accrochent à leur mantra et affirment leur vision avec l’EP SOS Genoux en 2019. Le single Métro Boulot Dodo lui succède en solitaire l’année suivante avec son parlé-chanté façon Suzane. Aussi, on n’est pas étonné de retrouver des signes de parenté avec Vendredi sur Mer, dont elles partagent la dernière syllabe et des malheurs en amour sur Incendie. Les faux-airs de cousinage nous conduisent jusqu’à toquer à la porte de Charlotte Fever, où la même désinvolture sexy et le goût des reprises de tubes fin 90/début 2000 trahissent des gènes en commun.

Ce chassé-croisé d’un pan à l’autre de la pop française nous entraîne jusqu’à l’audacieux Grand Cœur de Pierre, fiction misanthrope sur production électro-pop, qui sautille en fichant un direct au politiquement correct. Les impulsions guillerettes de synthés, les paroles noires de désenchantement et le refrain follement efficace forment un mariage aussi improbable qu’il est heureux. L’un des gimmicks principaux risque de rester longtemps en tête : « Ce n’est pas que j’en suis fière / mais les autres c’est l’enfer / je porte en moi mon grand cœur de pierre » . On a envie d’oublier les anniversaires et de traverser au feu rouge pour donner une nouvelle perspective aux choses trop bien rangées.

La réalisation de Randolph Lungela évoque la Nouvelle Vague de Jacques Demy et les passions tricolores de Krzysztof Kieślowski.

Paroles désenchantées pour production enjouée

Le réalisateur Randolph Lungela, assisté de Jacques-Henri Heim pour Seasidz Pictures, offre un écrin enfantin aux deux sales gosses qui envoient tout valser. Le clip alterne les tableaux colorés Avenue Daumesnil, dans une aire de jeux et sur un belvédère avec vue imprenable sur Paris, pour souligner dans une succession de lieux hors du temps la malice Nouvelle Vague du propos. Leurs deux pulls rouge et bleu vifs, que les sœurs Deneuve et Dorléac n’auraient pas renié, transcrivent à l’image cette énergie pop qui veut en découdre avec un monde pourri. Le dénouement enjoué et dansant semble nous rappeler que le pas de côté, moteur de leur poésie et intimé par leurs textes, est autant une impulsion vers l’autre que l’expression d’une vie qui ne tourne pas rond.

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