Home Ciné #26 : L’intensité émotionnelle de « La Ligne verte »
Grande adepte des burgers maison et des baskets à plateforme,…
Le couvre-feu est presque terminé et les salles de cinéma enfin ouvertes, mais Arty Magazine continue de te proposer ses Home Ciné, un lieu convivial où nos rédacteurs et journalistes présentent leurs films préférés.
La rubrique Home Ciné, c’est l’occasion de revoir les films que nos rédacteurs ont découvert à 6 ans, ceux qui les ont consolés suite à leur première rupture amoureuse, ou qu’ils dévorent avec un paquet de chips chaque dimanche soir depuis dix ans… Bref, tous ces films de leur vie qu’ils souhaiteraient te faire découvrir, là, maintenant.
Aujourd’hui, Roxane nous présente La Ligne verte, de Frank Darabont, 1999.
Un grand moment de tolérance
Comme un parfum d’évidence que l’humanité existe et résiste même aux portes des enfers et que tout homme, quoi qu’il arrive, a droit à un minimum d’égard et de respect. Le personnage de John Coffey, afro-américain et condamné à mort sans preuve, est finalement le schéma central du film dénonçant le racisme, la haine et la peine de mort. Grâce à lui, le maton Paul Edgecomb se remet en question et va au-delà de préjugés raciaux absurdes pour aimer son prochain sans condition. Dans ce contexte de haine et de rejet de l’autre, John Coffey est une sorte de miracle dont le moteur est l’amour. Edgecomb et lui vont, ensemble mais chacun à leur manière, ouvrir leurs âmes à des forces mystiques et grandir psychologiquement. Ce mariage de genre fait de ce film fantastique l’une des meilleures adaptations d’un roman de Stephen King.
La Ligne Verte est un pamphlet doux-amer contre la peine de mort et le racisme dont les accusations ne sont jamais soulignées vulgairement. Ici, le mal est incarné par une société considérant les gens sur leur couleur de peau jusqu’à voir en eux des assassins sans foi ni loi. Certains films nous touchent intérieurement et ne se contentent pas de nous divertir. Ils nous bousculent et nous donnent véritablement à réfléchir.
Un bijou au casting 5 étoiles
Le film est un bijou cinématographique : profitant du style très classique d’un Darabont en totale phase avec son auteur, le long métrage fait preuve d’un surprenant sens du rythme. Pendant plus de trois heures, il ne s’étire jamais en longueur et ne s’attarde pas sur ce qui ne mérite pas d’être, tout en relevant des émotions justes et sincères avec pertinence. Rien d’étonnant à que ses propos nous heurtent de plein fouet et que certaines de ses séquences soient si déchirantes. Le film honore sincèrement le roman de Stephen King malgré les légères modifications apportées pour simplifier la transition du papier à la pellicule. À propos des comédiens, sans surprise, on a du mal à leur trouver des défauts : qu’il s’agisse de Tom Hanks, du regretté Michael Clarke Duncan ou encore de Doug Hutchison en exécrable maton.
Le roman avait déjà affecté de nombreux lecteurs et son adaptation à l’écran n’a fait qu’outrepasser cet incroyable scénario : La Ligne verte est un monument de frisson et de révolte témoignant de la grandeur du cinéaste. On aurait, pourtant, supposé que le réalisateur avait accédé à l’apogée de l’émotion dans l’univers carcéral de The Shawshank Redemption (Les Évadés, 1994).