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Le Festival du Film Fantastique de Strasbourg : une ode au cinéma de genre

Le Festival du Film Fantastique de Strasbourg : une ode au cinéma de genre

Thierry Champy

Arty Magazine s’est rendu à la capitale européenne pour célébrer le cinéma de genre. Retour sur une semaine riche en découvertes avec nos 5 films coups de cœur.

Cousin germain du cultissime Étrange Festival, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg est l’un des rares festivals en France à mettre en avant le cinéma de genre, c’est-à-dire un cinéma marginalisé, parfois ignoré, englobant le fantastique, le gore, le thriller, l’heroic fantasy et les films de série B.

Le FEFFS, qui s’est déroulé du 22 septembre au 1er octobre, nous surprend d’année en année. Du documentaire en passant par l’animation jusqu’au thriller gore, autant dire que les organisateurs nous ont concocté une programmation riche et variée pour cette 16e édition dont plus de 90 films sélectionnés mêlant long-métrages et courts-métrages.

Petite nouveauté du festival : Eurogenre, incubateur de projet, dédie deux journées à la création cinématographique en présence de professionnels du cinéma. Au programme, sessions lecture de scénario en partenariat avec SoFilm puis table ronde avec des producteurs et les cinéastes de demain.

On note également la présence de Terry Gilliam, ancien membre des Monty Python, invité d’honneur du festival, qui a reçu un prix pour récompenser l’ensemble de sa carrière. Une masterclass a été organisée à l’occasion à travers laquelle le réalisateur a entre autre évoqué son expérience douloureuse concernant le tournage de Don Quichotte, son projet maudit.

Après une nuit de fête, Juan voit son meilleur ami chuter d’un toit et se briser en mille morceaux. Il décide de mener son enquête pour élucider le mystère de cette mort absurde et découvre un monde insoupçonné. Avec The Fantastic Golem Affair, Juan González et Fernando Martinez dits Burnin’ Percebes véhiculent une critique acerbe de la société et exposent les problématiques des rapports humains avec dérision (combler la solitude ou remplacer une personne par une autre font l’objet de pur marketing).

Les cinéastes barcelonais proposent un univers surréaliste et grotesque. Les couleurs bigarrées règnent et le côté picaresque se prête à l’exercice de la séduction. Au même titre que cet absurde boute-en-train, le gore a bel et bien une place dans cette sphère abracadabrante. Autant dire que les réalisateurs n’y vont pas de main morte et on y adhère. Les réalisateurs de La Reina de Los Lagartos rendent hommage au cinéma d’horreur espagnol (on pense à la comédienne Belén Rueda ou encore à la réalisatrice Carlota Pereda). Cela va de soi. Une oeuvre certes dérangeante mais séduisante par son propos et son univers.

1973. Bruce Lee accède à la gloire tant rêvée. Les deux vont de paire dirait-on. Il décède brutalement la même année. Un œdème cérébral selon l’autopsie.
La fureur fut telle qu’il était inconcevable de croire au décès du petit dragon. Les producteurs locaux se mettent alors à la recherche de nouvelles coqueluches du cinéma d’arts martiaux. Débute la vague de la Bruceploitation ou appelée Fake Bruce Lee Flick. Le public aura droit à un déferlement de sosies loin de ressembler à la star de Big Boss. Des noms comme Dragon Lee, Bruce Le ou encore Bruce Li apparaissent soudainement en tête d’affiche tout en s’appropriant le titre de « nouveau Bruce Lee ».

Le documentaire met en lumières ces sosies, accessoirement artistes martiaux, et tente de comprendre le pourquoi du comment. « Assoiffés par l’argent », « le désir d’accéder au confort et non pas par la notoriété » répondront les victimes du pacte faustien. Apportant à la fois un brin de nostalgie et de drôleries, le documentaire montre ô combien la fureur de vaincre était présente.

Après avoir conquis le public avec ses deux films de la franchise Detective Conan, Yuzuru Tachikawa obtient carte blanche de la Toho et entreprend d’adapter le manga Blue Giant de Shinichi Ishizuka sur grand écran. As-tu aimé Inu-Oh, l’opéra rock de Masaaki Yuasa ? Tachikawa a compris qu’il pouvait en faire davantage voire mieux.

Le film transcende par son euphorie contagieuse, nous emporte dans ces interminables jam sessions et on en demande encore. Jamais l’animation japonaise n’avait atteint un tel niveau technique et livré une énergie aussi débordante.

Un cinéphile part à la recherche du Kim’s Video, mythique vidéoclub new-yorkais (détenant plus de 55,000 films !) qui a connu son apogée dans les années 90. Victime de la numérisation, le propriétaire de la maison de location, considérée aux yeux des cinéphiles comme la mecque du cinéma de Big Apple, met les clés sous la porte en 2008. On-ne-sait-comment, son héritage se retrouvera entre les mains de l’autorité et de la pègre sicilienne.

En s’infiltrant dans les locaux, notre cinéphile s’aperçoit que les cassettes ont été laissées à l’abandon. En compagnie de Tarantino, Varda, Godard, Hitchcock et Lynch, il decide d’aller à la rescousse de ces fameuses vhs. Hormis les aspects rocambolesques et improbables de la situation, le documentaire montre que l’obsession nous pousse parfois à commettre l’impossible. Un excellent documentaire dédié aux amoureux du 7e art.

Adapté du roman graphique de Sara Varon, Robot Dreams (Mon Ami Robot en français) est le premier film d’animation de Pablo Berger (Blancanieves, Abracadabra). L’œuvre scintille non seulement par son propos (l’amitié et sa fragilité) mais aussi pour sa bande son funky, sa transposition du New-York des années 90, son imagination débordante et singulière.

En somme, un bel hommage au film muet (on pense au clin d’œil à Pierre Étaix) et une véritable pépite de l’animation qui ravira autant adultes et enfants.

Chroniqué par Thierry.

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